Touré Mamadou et Patrick Achi au milieu des jeunes de la Mé (Ph KOACI)

Pendant trois jours, la région de la Mé a été le théâtre d’une mission ministérielle à fort impact symbolique. Mamadou Touré, ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion Professionnelle et du Service Civique, y a entrepris une tournée d’évaluation, afin de mesurer, sur le terrain, l'effet concret des dispositifs d’accompagnement mis en place par l’État en faveur des jeunes. À ses côtés, le président du Conseil régional, Patrick Achi, a partagé cette immersion dans une jeunesse qui, loin des discours, raconte elle-même le fruit du soutien reçu.

Dans le département d'Alépé, première étape de cette visite, les récits entendus ont parfois plus de force que les chiffres. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2020 et 2025, ce sont 2 259 jeunes qui ont été appuyés pour un montant global dépassant les 794 millions de FCFA. Mais c’est à travers des trajectoires individuelles que ces données prennent toute leur épaisseur humaine.

Koffi Kouamé Roland, installé à Alépé, a vu sa vie professionnelle basculer positivement grâce à un prêt de 450 000 FCFA obtenu dans le cadre du programme gouvernemental. Ce coiffeur expérimenté a utilisé ce financement pour réaménager son salon, créer de l’emploi autour de lui, et aujourd’hui, il observe avec fierté la réussite de ceux qu’il a formés et encouragés. Loin d’un simple témoignage, son parcours est devenu une référence pour ceux qui hésitent encore. Il les exhorte à croire en leurs idées, à bâtir des projets solides et à faire preuve de persévérance.

Le cas d’Ahoussi Véronique, commerçante, illustre également la transformation économique que peut induire un appui financier bien ciblé. Son activité modeste, centrée sur la vente d’eau glacée et de jus, a connu une véritable métamorphose après l’obtention d’un financement d’un million de FCFA. Elle a pu diversifier ses produits, satisfaire sa clientèle, accroître son chiffre d’affaires et même investir dans un local plus spacieux. Aujourd’hui, elle emploie à son tour, participe à l’économie locale, et affiche sa réussite comme une preuve tangible de l’efficacité du programme.

Devant ces témoignages, le ministre Mamadou Touré n’a pas manqué de souligner la portée de ces expériences. Pour lui, il n’est pas nécessaire d’avoir plusieurs millions pour démarrer. Il suffit d’une idée solide, d’un accompagnement judicieux et d’un esprit d’initiative. Les petites entreprises, selon lui, sont souvent les plus grandes écoles de responsabilité et de croissance partagée.

Sur l’ensemble de la région de la Mé, les résultats parlent avec éloquence : 10 689 jeunes appuyés entre 2020 et 2024, pour un investissement total de plus de 4 milliards de FCFA. Une majorité de femmes bénéficiaires – 57 % – témoigne aussi de la volonté d’associer l’autonomisation féminine à la dynamique économique régionale.

Au-delà d’une mission d’évaluation, cette tournée a surtout révélé une jeunesse en mouvement, portée par des ambitions concrètes et une volonté de réussir. Elle a mis en lumière des initiatives personnelles qui, grâce à un coup de pouce étatique, deviennent collectivement porteuses de transformation sociale. Le pari de l’insertion par l’action semble porter ses fruits dans la Mé, et la jeunesse ivoirienne en est la meilleure ambassadrice.

Jean Chresus, Abidjan