Le président camerounais Paul Biya a accordé une audience d'adieu à l'ambassadeur de France Thierry Marchand le vendredi 29 août 2025 au Palais de l'Unité à Etoudi. Cette rencontre, marquant la fin du mandat diplomatique du représentant français au Cameroun après trois années de service, a donné lieu à des déclarations qui suscitent aujourd'hui la controverse.

Un président « aux commandes » selon le diplomate français

À l'issue de cette audience d'une heure et demie, l'ambassadeur sortant Thierry Marchand a livré ses impressions sur l'état d'esprit du chef de l'État camerounais. Le diplomate français s'est montré particulièrement élogieux, décrivant un président « parfaitement au fait des dossiers abordés » et démontrant « une maîtrise certaine des enjeux actuels ».

« Je l'ai retrouvé dans le même état d'esprit, parfaitement au courant des différents sujets que nous avons abordés », a précisé Thierry Marchand qui a souligné la diversité des thèmes évoqués durant l'entretien. L'ambassadeur a également souligné la constance du président Paul Biya, qu'il avait déjà rencontré dix-huit mois auparavant.

L'aspect le plus marquant des déclarations de l'ambassadeur concerne son évaluation des intentions politiques du président camerounais. « Il m'a semblé être quelqu'un qui dirige effectivement et qui maîtrise véritablement la conduite du pays, et qui s'apprête à s'engager dans une nouvelle course électorale pour un mandat supplémentaire », a déclaré Thierry Marchand.

Cette révélation prend une dimension particulière dans le contexte du scrutin présidentiel prévu le 12 octobre prochain. Selon l'ambassadeur, Paul Biya lui est apparu comme « un homme d'État qui est aux affaires, et qui tient véritablement les manches du pays, et qui va s'engager dans une campagne présidentielle pour un nouveau mandat ».

Relation de grande confiance

De son côté, la Présidence de la République du Cameroun a publié un compte rendu officiel mettant l'accent sur la qualité des relations franco-camerounaises. Le document souligne une « relation de parfaite confiance » entre les deux pays, fruit de trois années de coopération sous la conduite de l'ambassadeur Marchand.

L'évaluation officielle fait état d'un renforcement de la coopération bilatérale : « Nous avons pu constater ensemble, que la relation de coopération entre la France et le Cameroun ne s'est pas affaiblie au cours de ces trois années. Qu'elle s'est au contraire un peu renforcée dans beaucoup de sujets. »

L'écrivaine camerounaise Calixthe Beyala a réagi vivement aux déclarations de l'ambassadeur français. Pour elle, « Biya n'est visible que des étrangers, pour les Camerounais, il demeure un président invisible et indéniablement absent ».

Beyala s'étonne particulièrement que ce soit « à l'ambassadeur de France de faire pour les Camerounais des rapports sur l'état de santé du président de la République Paul Biya ».

Ingérence française

Ce lundi matin, de nombreux médias locaux ont dénoncé ce qu'ils perçoivent comme une ingérence française visant à influencer les choix des Camerounais lors du prochain scrutin du 12 octobre.

Les critiques portent notamment sur le caractère inhabituel de voir un ambassadeur étranger révéler publiquement les intentions politiques d'un chef d'État, particulièrement dans un contexte pré-électoral sensible.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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