Cameroun : Présidentielle 2025, ouverture sous tensions de la campagne électorale
À quinze jours de l'élection présidentielle du 12 octobre 2025, le Cameroun entre officiellement en campagne électorale dans un climat de fortes tensions politiques. Entre les divisions au sein de l'opposition, les accusations gouvernementales de manœuvres et les difficultés d'organisation des meetings, la course à la présidence s'annonce particulièrement houleuse.
Dans une déclaration diffusée sur les réseaux sociaux, Maurice Kamto a surpris en annonçant sa non-consigne de vote pour cette élection présidentielle. Le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a déclaré qu'« il convient de laisser à chaque électeur la responsabilité pleine et entière de voter librement, en son âme et conscience, pour le candidat de l'opposition de son choix ».
Cette position divise déjà les observateurs politiques. Certains y voient une stratégie risquée qui pourrait « offrir à Biya la réélection pour un huitième mandat sur un plateau en or ».
Maurice Kamto justifie néanmoins sa décision par l'absence d'une coalition efficace entre les candidats de l'opposition, particulièrement avec les deux candidats du Grand Nord. Il craint un éparpillement des voix qui compromettrait sérieusement les chances de victoire d'un candidat unique de l'opposition face au président sortant.
Le gouvernement hausse le ton contre les « manœuvres frauduleuses »
De son côté, le gouvernement de Paul Biya multiplie les initiatives pour encadrer strictement le processus électoral. Le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a effectué une tournée dans plusieurs régions du pays, multipliant les déclarations fermes sur la sécurisation du scrutin.
S'appuyant sur les directives du Chef de l'État, le ministre a souligné que « l'année 2025 est un moment charnière pour la démocratie camerounaise », appelant à la « maturité et à la responsabilité de tous les acteurs ». Il a également rappelé le rôle exclusif de son ministère dans l'accréditation des observateurs nationaux et étrangers, dénonçant les initiatives privées comme une « imposture ».
Une « plateforme de recensement frauduleux » dénoncée
Le point d'orgue des déclarations du MINAT fut la révélation d'une prétendue vaste opération de fraude électorale qu'il attribue à « certains politiciens véreux de l'opposition ». Selon le ministre, une « plateforme dédiée exclusivement au recensement frauduleux des bulletins de vote » aurait été découverte, visant à diffuser de faux résultats le soir du 12 octobre.
Paul Atanga Nji a détaillé le supposé modus operandi : des agents, depuis des chambres d'hôtel, pourraient « communiquer les faux résultats des bureaux de vote imaginaires » pour proclamer des chiffres tronqués. Le ministre a par ailleurs annoncé la saisie de 300 téléphones portables servant selon lui à propager des « fausses informations ».
Cabral Libii défie les restrictions
Malgré les pressions gouvernementales, certains candidats de l'opposition maintiennent leurs ambitions. Cabral Libii, candidat du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), dénonce des « très hautes instructions » visant à l'empêcher de tenir des meetings dans les grandes villes.
Le candidat affirme que tous les espaces lui sont interdits à Douala, « même ceux pour lesquels nous avons payé ». Il accuse notamment le pouvoir de monter « d'autres partis contre nous pour créer des conflits entre candidats supposés de l'opposition », citant l'exemple du stade Youpwe où l'UNDP aurait obtenu une autorisation de dernière minute pour le même créneau.
Malgré ces obstacles, Cabral Libii annonce le maintien de son meeting de lancement prévu le dimanche 28 septembre 2025 à 15h au stade Youpwe de Douala, se déclarant « déterminé à affronter jusqu'au 12 octobre le pouvoir et ses alliés ».
La diaspora se mobilise
À l'international, la tension monte également. À Genève, où se trouve actuellement le président Paul Biya, une centaine de membres de l'opposition dans la diaspora ont manifesté vendredi, réclamant la mise en place d'une commission électorale indépendante à l'approche du scrutin du 12 octobre.
Ces premiers jours de campagne révèlent un climat politique particulièrement crispé. Entre les divisions de l'opposition, les accusations croisées de manœuvres frauduleuses et les restrictions sur l'organisation des meetings, l'élection présidentielle du 12 octobre 2025 s'annonce comme un test majeur pour la démocratie camerounaise.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
