Côte d'Ivoire : Journée mondiale de l'architecture, les architectes ivoiriens tracent les sillons d'un modèle de conception basé sur la résilience et adapté aux réalités locales
Ce 6 octobre 2025, l’École d’Architecture d’Abidjan (EAA) a vibré au rythme de la Journée mondiale de l’architecture, placée cette année sous le thème fédérateur : « Concevoir la résilience ». Une thématique à la fois ambitieuse et urgente, qui invite architectes, enseignants, étudiants et décideurs à penser l’architecture comme un acte capable de réparer, protéger et relier les communautés dans un monde confronté à de multiples crises.
Lors de la cérémonie officielle, Djima Karamoko, Trésorier général de l’Ordre des Architectes et représentant du président de l’Ordre, a souligné le caractère éthique et inclusif de cette nouvelle manière de bâtir : « Concevoir la résilience, c’est bien plus qu’une réponse technique, c’est un engagement collectif. Une architecture qui s’adapte, valorise les cultures, protège les territoires et prépare l’avenir. »
Ce message trouve un écho concret dans le geste fort posé cette année par l’Ordre des Architectes de Côte d’Ivoire. Le stand conçu pour le salon Archibat 2025, imaginé par les architectes Angèle Beugré et Martine Dacoury Tabley, sera reconverti en une bibliothèque numérique dédiée à l’École des sourds-muets de Yopougon. Une manière tangible de faire de l’architecture un outil de justice sociale et de transmission. Un fonds de 10 millions de francs CFA a été mobilisé avec le soutien d’un partenaire institutionnel pour rendre ce projet possible.
Paul Blanchard Aké, directeur général par intérim de l’EAA, a rappelé le rôle fondamental de l’architecte comme agent du développement : « L’architecte, par sa créativité, doit pouvoir concevoir pour tous. Il s’agit de bâtir des espaces adaptés à chaque citoyen, du nord au sud de la Côte d’Ivoire, et non seulement pour une élite. »
Le Directeur Blanchard a annoncé plusieurs initiatives structurantes à venir : la création d’un fonds d’excellence pour les étudiants architectes, le lancement d’un programme « Archi-Leaders » ainsi que l’organisation de « Archi-débats » pour stimuler l’esprit critique et l’engagement des futurs professionnels. Face aux bouleversements induits par l’intelligence artificielle, il souligne l’urgence de former des architectes créatifs et autonomes : « Il faut devancer l’IA et repositionner l’humain au cœur de la conception. »
L’un des temps forts de cette semaine est sans doute l’Atelier d’immersion 2025, une initiative pédagogique devenue un véritable rituel à l’EAA. Pour la troisième année consécutive, plus de 400 étudiants de la première année de licence au Master 2 travailleront en groupes mixtes autour d’un site d’étude : un rayon d’un kilomètre autour de l’école.
Le but ? Concevoir une architecture modulaire, évolutive et résiliente, inspirée des réalités urbaines ivoiriennes telles que les « garbadromes », les allocodromes, ou les stations de « gbaka ».
Martine Dacoury Tabley, enseignante et co-conceptrice du stand Archibat 2025, a exhorté les étudiants à puiser dans le quotidien pour nourrir leur créativité : « L’architecture doit parler le langage de la rue, du Noushi, de la mémoire populaire. C’est ainsi qu’elle devient vivante, proche des usagers, et résolument ivoirienne. »
L’atelier s’achèvera par une restitution publique le jeudi, où chaque groupe présentera sa proposition à travers plans, maquettes, collages et courtes vidéos. Les projets seront exposés à l’occasion de la cérémonie de rentrée le vendredi, et certains d’entre eux pourront bénéficier de financements pour être réalisés.
L’édition 2025 de la Journée mondiale de l’architecture en Côte d’Ivoire ne se contente pas de célébrer la discipline : elle en redéfinit les contours. En valorisant la transmission, l’inclusion, et l’appropriation culturelle, l’Ordre des Architectes, l’EAA et leurs partenaires posent les jalons d’une architecture ivoirienne plus résiliente, plus juste et plus humaine.
« Concevoir la résilience », c’est ainsi bâtir avec les autres, pour les autres. C’est faire de chaque espace un lieu de réparation, de lien et de projection vers un avenir durable.
Wassimagnon
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