Cameroun : Réactions contrastées suite à l'auto-proclamation d'un candidat à la présidentielle
Après l'élection présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun, la déclaration de victoire anticipée d'Issa Tchiroma Bakary, candidat du Front national pour le salut du Cameroun (FNSC), avant la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel, suscite de vives réactions dans le paysage politique camerounais.
Plusieurs personnalités politiques et universitaires critiquent fermement cette initiative. Le politologue Mathias Eric Owona Nguini considère cette auto-proclamation comme une violation grave du Code électoral, notamment son article 135 qui confère exclusivement au Conseil constitutionnel la prérogative de proclamer les résultats présidentiels. Lors d'une intervention télévisée, il estime que cette démarche constitue une tentative d'usurpation de fonction en s'adressant directement aux citoyens et aux forces de sécurité.
De son côté, le professeur Prosper Nkou Mvondo, président du parti Univers, conteste la légitimité de cette annonce prématurée. Il souligne qu'une victoire dans certaines circonscriptions ne permet pas de revendiquer un succès national, rappelant qu'une élection présidentielle se distingue d'un scrutin municipal ou régional par son échelle.
Jacques Fame Ndongo, figure du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc au pouvoir), qualifie cette action de comportement irresponsable, appelant à attendre sereinement la proclamation officielle par l'institution compétente.
Accusations de fraude et tensions politiques
Dans le camp du candidat concerné, on dénonce des irrégularités présumées, notamment dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où les résultats seraient contestés. Dans une déclaration, Issa Tchiroma interpelle directement les membres du Conseil constitutionnel sur leur responsabilité dans la validation des résultats.
Joseph Emmanuel Ateba, responsable de la communication du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), met en garde contre toute manipulation des résultats, qu'il qualifierait de trahison envers la population.
L'économiste Dieudonné Essomba propose une analyse critique du scrutin, déplorant que celui-ci se soit davantage articulé autour d'alliances communautaires plutôt que sur l'évaluation des programmes politiques ou du leadership des candidats.
Alors que le pays attend la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel, seule autorité habilitée à valider le scrutin, les tensions politiques demeurent palpables et les débats sur la transparence du processus électoral se poursuivent.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com
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