Cameroun : Fecafoot, vers la réélection de Samuel Eto'o dans un climat de tensions avec le ministre des Sports
L'Assemblée générale élective de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) se tient ce samedi 29 novembre 2025 au Centre d'Excellence de la CAF à Mbankomo. Samuel Eto'o, unique candidat en lice, s'apprête à décrocher un second mandat de quatre ans à la présidence de l'instance, malgré une opposition féroce du ministre des Sports.
Au-delà de l'élection, le véritable enjeu de cette Assemblée générale réside dans la nouvelle cartographie du Comité exécutif, l'organe qui pilote au quotidien l'administration du football camerounais. Cette recomposition aura un impact direct sur la gouvernance de la fédération pour les quatre prochaines années.
L'assemblée doit également valider les nouvelles orientations de la Fecafoot, dans un contexte où transparence administrative et financière sont au cœur des attentes, quatre ans après l'arrivée d'une figure aussi emblématique que Samuel Eto'o.
Surveillance internationale
Gelson Fernandes, directeur des associations à la FIFA, accompagné de Sarah Mukuna, directrice des associations membres de la CAF, sont arrivés à Yaoundé vendredi pour superviser le scrutin. Ils ont été accueillis par Isaac Noé Mandong, secrétaire général de la Fecafoot. Cette présence des émissaires de la FIFA et de la CAF vise à garantir le bon déroulement de l'élection et à renforcer sa légitimité face aux contestations du ministre des Sports.
Les délégués venus des dix régions et des 58 départements du Cameroun n'auront qu'un seul choix : reconduire par acclamation le dirigeant de 44 ans. Contrairement à l'élection de décembre 2021 où il avait affronté le sortant Seydou Mbombo Njoya, tous les candidats potentiels ont cette fois été recalés, notamment pour défaut de parrainages valides.
Les opposants à Samuel Eto'o dénoncent un processus verrouillé, accusant le président sortant d'avoir suspendu plusieurs personnalités susceptibles de se présenter, tandis que les autres candidatures ont été invalidées par la commission électorale qu'il contrôle. Parmi les candidats écartés figurent Gilles Christian Ngnize, Simon Ngoon Mbeleck et Georges Kalgong, ce qui a alimenté les accusations de manipulation du cycle électoral.
Bras de fer
Le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, s'oppose fermement à cette élection. Le 14 novembre, il a demandé par écrit à Samuel Eto'o de surseoir au scrutin, invoquant des irrégularités présumées et le non-respect des textes de 2021. Le ministère reproche également à la Fecafoot le lancement du cycle électoral en dehors du cadre légal, des suspensions jugées arbitraires et l'exclusion de plusieurs clubs.
Narcisse Mouelle Kombi a saisi le ministère de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, lui demandant d'interdire l'assemblée élective au nom de menaces à l'ordre public. Cependant, le Minat n'a pas donné suite à cette requête, laissant la voie libre au scrutin.
Face à cette opposition, la Fecafoot s'appuie sur le cadre juridique international. Les statuts de la FIFA interdisent toute ingérence politique dans les fédérations affiliées, ce qui limite les marges de manœuvre du gouvernement.
Le mandat qui s'achève a été émaillé de tensions permanentes qui ont terni l'image de la Fecafoot. Pour certains observateurs, les résultats mitigés du football camerounais s'expliquent aussi par les multiples conflits qui ont marqué la mandature de Samuel Eto'o, des conflits tranchés à plusieurs reprises devant les juridictions.
Élu en 2021 avec la promesse de redorer le blason des Lions indomptables, Samuel Eto'o termine son premier mandat sans titre majeur. L'équipe A ne s'est pas qualifiée pour la Coupe du monde 2026, un échec cuisant pour une nation qui compte cinq titres à la CAN.
L'affaire Marc Brys : symbole d'une guerre d'influence
Le conflit le plus médiatisé oppose Samuel Eto'o au sélectionneur national Marc Brys, désigné par le ministre des Sports . Une vive altercation entre les deux hommes, filmée et devenue virale sur les réseaux sociaux, a révélé l'ampleur des tensions, Samuel Eto'o ayant chassé un représentant du ministère jugé indésirable lors d'une réunion.
La Fecafoot refuse catégoriquement la présence de Joachim Mununga, adjoint de Marc Brys, sur le banc de touche, arguant que le sélectionneur doit composer avec les adjoints nommés par elle-même. Cette posture a conduit le ministre Narcisse Mouelle Kombi à riposter en suspendant les salaires des membres du staff nommés par la Fecafoot, laissant désormais à la fédération le soin de payer les primes de David Pagou, Ndtoungou Mpile, Timothée Atouba et autres membres du staff.
Après l'élimination du Cameroun en barrages de la Coupe du monde 2026, Samuel Eto'o aurait demandé à la direction technique nationale de dresser une liste de propositions d'entraîneurs pour remplacer Marc Brys avant la CAN au Maroc. Cependant, le ministère pourrait s'y opposer, car si la Fecafoot nomme, c'est bien le ministère qui paie le sélectionneur.
Cette élection sous tension constitue un test pour l'image du football camerounais. Entre le respect des règles internationales interdisant l'ingérence politique et les critiques légitimes sur la gestion de la fédération, le Cameroun se trouve à la croisée des chemins.
Sauf revirement spectaculaire, Samuel Eto'o sera réélu ce samedi, mais dans un climat qui révèle les profondes fractures entre les différentes institutions censées œuvrer pour le rayonnement du ballon rond au Cameroun.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
