Cameroun : Controverse autour de l'autopsie forcée sur le corps d'Anicet Ekane, que veut cacher le pouvoir ?
Le décès en détention de l'opposant camerounais Anicet Ekane, à l'âge de 74 ans, déclenche une bataille judiciaire et cristallise les tensions entre le pouvoir et les avocats de la famille. Au cœur du litige : une autopsie contestée qui soulève de graves questions sur la transparence des autorités et les circonstances réelles du décès.
Le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Yaoundé a convoqué la famille et les avocats d'Anicet Ekane pour une autopsie médico-légale à l'hôpital central de Yaoundé. Mais le collectif d'avocats a immédiatement refusé de cautionner cet examen, dénonçant l'absence d'un médecin indépendant. Pour eux, sans cette garantie d'impartialité, l'autopsie ne peut établir de manière crédible les causes de la mort de l'homme politique.
Le pouvoir n'a pas tenu compte de cette opposition. Selon Me Hippolyte Meli, avocat du défunt, une « perquisition forcée » du corps aurait été effectuée à la morgue, sans autorisation judiciaire, sans mandat légal. « Rien ne justifie une telle opération », martèle l'avocat, qui pose une question dérangeante : que cherche à dissimuler le régime ? Quels indices souhaite-t-il effacer avant qu'une autopsie transparente, en présence de médecins légistes choisis par la famille, ne puisse être réalisée ?
Mobilisation
Face à ce qu'ils considèrent comme une violation manifeste des droits de la famille, les avocats d'Anicet Ekane ont renforcé leurs rangs. Me William Bourdon, avocat français spécialisé dans la défense des droits humains et la lutte contre l'impunité, a rejoint le combat aux côtés de Me Hippolyte Meli et Me Emmanuel Simh.
Ensemble, ils dénoncent un « acte unilatéral opaque » et « un précédent dangereux dans un État de droit ». L'autopsie imposée, loin de clarifier les circonstances du décès, renforce au contraire les soupçons qui entourent la mort en détention de cette figure emblématique de l'opposition camerounaise.
Répression
La tension ne se limite pas aux tribunaux. Le siège du Manidem (Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie), parti fondé par Anicet Ekane à Douala, a été encerclé par les forces de sécurité. Toutes les entrées du bâtiment sont placées sous haute surveillance, dans un verrouillage total de ce lieu symbole de résistance politique.
Le décès d'un opposant politique de 74 ans en détention soulève des interrogations légitimes dans toute démocratie. Les conditions de sa détention étaient-elles conformes aux normes internationales ? A-t-il bénéficié des soins médicaux nécessaires ? Quelles sont les véritables causes de son décès ?
L'autopsie imposée, au lieu d'apporter des réponses, alimente les doutes.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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