Côte d'Ivoire : Sphère politique, l'engagement des femmes en nette régression, la FNF sonne l'alerte et appelle à un sursaut national
La clôture du Forum politique des femmes, organisée le vendredi 5 décembre 2025 à Abidjan, a été marquée par un déjeuner libéral placé sous le signe du networking, du dialogue et du plaidoyer. Cette rencontre, tenue autour du thème « Participation politique, médias et démocratie libérale : vers un nouvel équilibre générationnel et de genre », a réuni plusieurs personnalités politiques et institutionnelles, dont Alexandra Heldt, Directrice Afrique de l’Ouest de la Fondation Friedrich-Naumann pour la Liberté (FNF), la sénatrice Dao Gabala Mariam, le ministre de la Jeunesse Mamadou Touré et la ministre de la Cohésion nationale Myss Belmonde Dogo.
Intervenant au terme de cette rencontre, Alexandra Heldt, Directrice Afrique de l’Ouest de la FNF, a livré un message fort, chiffré et sans détour, affirmant que la participation politique des femmes en Côte d’Ivoire recule.
« En 2021, on comptait 222 femmes engagées. En 2025, elles ne sont plus que 185 : il y a donc une régression », a-t-elle déploré, soulignant que ces données confirment les observations de la Fondation sur le terrain.
La FNF, qui œuvre depuis plusieurs années au renforcement des capacités féminines en politique, a rappelé ses objectifs : motiver, former et accompagner les femmes, en particulier les jeunes femmes, dans un environnement politique encore largement dominé par les hommes.
En créant des espaces d’échanges, de mentoring et de travail collaboratif, la Fondation ambitionne de bâtir un réseau solide permettant aux femmes de partager leurs expériences, comprendre les obstacles structurels et développer les compétences nécessaires pour s’imposer dans la sphère politique.
« Le pays a besoin des femmes. Des équipes mixtes, avec 40 à 50 % de femmes et 50 à 60 % d’hommes, permettent de mieux relever les défis du pays », a insisté Mme Heldt, plaidant pour une parité réelle et non cosmétique.
Elle a également clarifié un point essentiel :
la Fondation n’intervient pas dans les campagnes électorales et ne finance aucun candidat.
Son rôle se limite au renforcement des capacités, à la formation et à la promotion de l’autonomie financière des femmes — condition indispensable, selon elle, pour garantir une indépendance dans l’engagement politique.
La ministre de la Cohésion nationale, Myss Belmonde Dogo, a salué l’initiative et rappelé que l’engagement politique est un exercice exigeant, mais essentiel pour les femmes.
Dans une allocution directe, empreinte de franc-parler, elle a encouragé les futures candidates à se préparer sérieusement : « La politique ne se fait pas sur un coup de tête. Se présenter à une élection, c’est porter un projet qui sera jugé par le parti, mais aussi par les électeurs ».
Elle a appelé les femmes à ne pas se définir à travers ce que la société attend d’elles, mais à affirmer leur leadership, leurs compétences et leurs ambitions.
« Ne regardez pas ce qui vous manque, mais ce que vous avez. Ce sont vos forces qui vous feront élire. »
Pour elle, la faible proportion de femmes candidates, environ 30 % doit inciter à un sursaut collectif : « Les femmes doivent redonner à la politique sa vocation première : servir le peuple. »
Prenant la parole à son tour, le ministre de la Jeunesse, Mamadou Touré, a salué le travail de la FNF et rappelé la nécessité d’une représentation équilibrée non seulement des femmes, mais aussi des jeunes dans les instances décisionnelles.
« Aujourd’hui, dans notre Assemblée nationale, un seul député a moins de 35 ans », a-t-il regretté, dénonçant un déséquilibre criant.
Il a souligné qu’en dépit du dynamisme de la jeunesse ivoirienne, celle-ci reste souvent perçue par les partis politiques comme un simple relais électoral, et non comme un acteur de décision.
Afin de répondre à ce déficit démocratique, le ministre a indiqué avoir proposé une loi d’orientation sur la jeunesse, destinée à favoriser une plus forte participation des jeunes dans les instances politiques.
Représentant la présidente du Sénat, Kandia Camara, la sénatrice Dao Gabala Mariam a livré un discours profond et structuré autour de quatre défis majeurs auxquels sont confrontées les femmes politiques, tirés du parcours de la présidente du Sénat, la légitimité, la solitude, la sororité active et l’autonomie financière.
Elle a décrit Kandia Camara comme un exemple de résilience et de longévité politique, rappelant que “rien n’est spontané en politique : tout se construit”.
Selon elle, le véritable héritage à retenir est clair, ompétence avant quota, résilience avant plainte, action avant reconnaissance et autonomie avant ambition.
« Le pouvoir ne se donne pas, il se prend ; il s’arrache par le travail et se conserve par la vertu », a-t-elle conclu sous les applaudissements.
En réunissant responsables politiques, institutions, partenaires internationaux et femmes engagées, le Forum politique des femmes 2025 aura servi de plateforme décisive pour réaffirmer un enjeu majeur : la Côte d’Ivoire ne pourra relever ses défis démocratiques sans une représentativité accrue des femmes et des jeunes.
L’appel lancé par Alexandra Heldt, soutenu par les interventions des ministres et de la sénatrice, est clair : "Former, accompagner et autonomiser les femmes n’est plus une option, mais une nécessité nationale".
Wassimagnon
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