Cameroun : Une partie du pays paralysée par une grève des camionneurs
Depuis jeudi dernier, la circulation sur la route nationale n°1 reliant les trois régions du Grand Nord à Yaoundé la capitale, est totalement paralysée au niveau de Lokoti, à environ 30 kilomètres de Meiganga, apprend-on. À l'origine de cette crise : un affrontement violent survenu entre un membre de la gendarmerie et un conducteur de poids lourd, qui a dégénéré en mouvement de contestation massif des transporteurs routiers.
Face à l'ampleur du blocage, les autorités ont rapidement tenté d'intervenir. Le Lamido Moussa Sabo de Meiganga s'est rendu sur place dès les premières heures, permettant un apaisement temporaire des tensions. Dans son message à la population, le chef traditionnel a appelé à la modération et au sens des responsabilités.
Le lendemain, vendredi, c'est le gouverneur de l'Adamaoua, Kildadi Taguiéké Boukar, accompagné du préfet du Mbéré, qui s'est déplacé pour tenter de résoudre la crise. Parmi les mesures annoncées figure la fermeture provisoire de deux postes de contrôle controversés, ceux de Roblin et Nandeke. Malgré ces concessions, les conducteurs de camions ont maintenu leur position et refusé de lever le barrage.
Revendications
Au-delà de l'incident initial, les transporteurs dénoncent ce qu'ils qualifient de système généralisé d'extorsion sur les axes routiers camerounais. Selon leurs témoignages, des sommes importantes seraient régulièrement exigées à chaque point de contrôle, créant un climat d'exaspération qui a fini par exploser à Meiganga, où le poste de gendarmerie a été endommagé lors des affrontements.
Les organisateurs du mouvement semblent opérer dans l'ombre, sans représentants clairement identifiés sur le terrain, ce qui complique considérablement les négociations. Des rumeurs locales évoquent même la nécessité d'une intervention politique de haut niveau pour dénouer la situation.
Ce blocage prolongé menace de provoquer des pertes financières considérables. De nombreux camions transportent des produits périssables - denrées alimentaires fraîches, productions agricoles - destinés aux marchés de la capitale et d'autres régions sur cet axe débouchant au Tchad. La détérioration de ces marchandises inquiète les commerçants et les transporteurs, qui craignent également une flambée des prix due aux ruptures d'approvisionnement.
Après trois jours d'immobilisation complète et face à l'échec des tentatives de dialogue, le gouvernement a déployé des unités militaires sur place. Toutefois, les forces armées présentes ont privilégié la négociation, reconnaissant qu'une résolution par la force serait inappropriée dans ce contexte.
La situation demeure donc bloquée en ce début de week-end, avec un axe stratégique toujours paralysé et des autorités confrontées à un mouvement de protestation déterminé. Une certitude émerge néanmoins de cette crise : les relations entre les forces de l'ordre et les conducteurs routiers sur cet axe ne pourront plus continuer sur les mêmes bases qu'auparavant.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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