Côte d'Ivoire - Benin -Togo : Une alliance tripartite nouée pour sécuriser et transformer l'approvisionnement en gaz dans la sous-région
Réunis au Radisson Blu d’Abidjan, les ministres en charge de l’Énergie de la Côte d’Ivoire, du Togo et du Bénin, accompagnés du Groupe de la Banque mondiale, ont posé les bases d’une coopération historique pour sécuriser l’approvisionnement en gaz naturel de la sous-région.
Placée sous le thème « Des solutions régionales pour un marché plus solide, des coûts réduits et une sécurité énergétique renforcée », cette rencontre marque un tournant stratégique pour les trois pays confrontés à une même réalité : une dépendance accrue au gaz pour produire une électricité fiable, compétitive et indispensable au développement industriel.
Ousmane Diagana, Vice-président régional de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a donné le ton dès l’ouverture. Il a salué le leadership du ministre ivoirien Mamadou Sangafowa-Coulibaly et rappelé les défis énergétiques communs aux trois pays, insistant sur la nécessité d’une approche régionale : « Chaque pays explore des solutions nationales, mais il est tout aussi essentiel d’adopter une vision régionale. Une coordination renforcerait la crédibilité de la demande et améliorerait la capacité de négociation collective vis-à-vis des fournisseurs internationaux. »
Le représentant de la Banque mondiale a également mis en avant le rôle central du gaz dans la transition énergétique et dans la compétitivité industrielle, soulignant que l’institution est prête à soutenir techniquement, financièrement et en matière de gestion des risques, notamment via l’IFC et la MIGA.
Édouard Dahomey, président de l’Autorité de régulation de l’énergie du Bénin et représentant du ministre José Tonato, a exprimé l’urgence pour son pays : « Le Bénin n’a pas de ressources gazières et la taille de notre système électrique rend difficile la conclusion de contrats de long terme. Cette initiative est une opportunité unique. Le développement n’attend pas. »
Il a remercié la Côte d’Ivoire pour le partage de son expérience et souligné que la sécurisation de l’approvisionnement en gaz constitue un prérequis majeur au développement économique béninois.
Pour le ministre togolais Robert Koffi Eklo, cette collaboration doit aller au-delà des trois pays : « Pour aller loin, il faut aller ensemble. Le manque de gaz réduit notre compétitivité et freine l’accès de nos populations à l’électricité. Nous sommes déterminés à saisir cette main tendue. »
Il a évoqué la perspective d’une future institution régionale du gaz, comparable au WAPP pour l’électricité, afin de mieux coordonner les politiques énergétiques sous-régionales.
En ouvrant le sommet, le ministre ivoirien Mamadou Sangafowa-Coulibaly a rappelé les découvertes majeures des champs Baleine et Calao, portant les ressources gazières ivoiriennes à 8 à 10 Tcf estimés : « L’utilisation de ces ressources pour nos besoins domestiques et ceux de la sous-région est une priorité absolue pour le Président de la République, Son Excellence Alassane Ouattara. »
Il a insisté sur la nécessité d’un approvisionnement stable pour atteindre les objectifs de la Mission 300, qui vise un accès massif à l’électricité d’ici 2030.
La déclaration finale, lue par le ministre ivoirien, constitue la grande avancée du sommet. Elle pose les fondations d’une coopération opérationnelle et immédiate.
Les trois pays conviennent de mutualiser leurs efforts pour importer du gaz naturel liquéfié (GNL)
Face aux déficits actuels, les ministres s’accordent sur une stratégie commune d’importation du GNL afin de réduire les coûts et renforcer la sécurité d’approvisionnement.
Créer un groupe de travail régional dans un délai d’un mois. Ce groupe aura pour mission d’examiner en profondeur le modèle de mutualisation, les besoins techniques, les infrastructures nécessaires et la structuration financière.
Bâtir un projet « bancable » soutenu par la Banque mondiale. La démarche vise explicitement à s’inscrire dans le cycle de financement en cours du Groupe de la Banque mondiale, afin de bénéficier d’un appui technique et financier.
Réduire la dépendance aux combustibles liquides, coûteux et polluants. Les trois pays veulent substituer progressivement ces combustibles au gaz naturel, plus compétitif et plus propre.
Dans sa déclaration, Sangafowa-Coulibaly a résumé l’enjeu : « Nous faisons face à une réalité commune : la nécessité de réduire les coûts de production encore trop souvent grevés par le recours aux combustibles liquides. Nous avons convenu de mutualiser nos efforts afin d’avancer ensemble. »
Il a conclu en remerciant la Banque mondiale pour son rôle catalyseur et en déclarant clos les travaux.
Ce sommet marque une étape décisive vers une intégration énergétique régionale renforcée, fondée sur la coopération, la compétitivité et la transition vers des sources plus propres.
La Côte d’Ivoire se positionne comme un acteur central de cette dynamique, tandis que le Bénin et le Togo y voient une chance unique de sécuriser durablement leurs approvisionnements. La Banque mondiale, partenaire stratégique, accompagne la mise en œuvre concrète de cette vision.
La mise en place du groupe de travail dans les prochaines semaines ouvrira la voie à la construction du premier mécanisme régional d’importation mutualisée de gaz naturel en Afrique de l’Ouest.
Wassimagnon
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