Côte d'Ivoire : Diffamation en ligne, quand l'émotion détruit la réputation
L'incriminé (Ph Koaci)
Dans un contexte où les réseaux sociaux sont devenus des outils puissants de communication et d’expression, il devient essentiel de rappeler que chaque acte de diffusion d’information porte en lui une grande responsabilité. Une situation récente en est la preuve, soulignant les risques juridiques et humains de l'utilisation imprudente de ces plateformes.
Un nouveau-né prématuré, abandonné à la naissance, a été pris en charge dans une clinique où il a bénéficié d’une assistance médicale intensive pendant plusieurs mois. Le personnel soignant, disponible à toute heure du jour et de la nuit, a tout mis en œuvre pour assurer sa survie.
Lorsque le père de l’enfant, G.K.Y, a été retrouvé et informé de la situation de son bébé, il s’est initialement engagé à couvrir les frais des soins nécessaires. Cependant, pour des raisons non précisées, cet engagement n’a pas été concrétisé. Cette rupture d’engagement a plongé l’établissement et les soignants dans une situation difficile, mettant en lumière la complexité des prises en charge médicales dans de telles situations.
Sous le coup de l’émotion, face à la lourdeur des coûts des soins, G.K.Y a diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux, dans laquelle il accusait la clinique d’incompétence. Cette publication, qui a rapidement circulé et été relayée par de nombreuses personnes, a porté un préjudice important à l’image de la clinique et à son personnel.
Face à cette situation, l’établissement a saisi les autorités compétentes, notamment la Plateforme de Lutte contre la Cybercriminalité (PLCC), un service de l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI), pour mener une enquête. Après une analyse minutieuse, l’auteur de la publication a été identifié. Lors de son audition, il a expliqué que ses accusations avaient été formulées sous l’emprise de l’émotion et de l’incompréhension face aux coûts des soins engagés pour son enfant.
L’affaire a été prise très au sérieux, et conformément à la loi n°2013-451 du 19 juin 2013 relative à la cybercriminalité, G.K.Y a été poursuivi pour diffamation via un système d’information. Il devra maintenant répondre de ses actes devant la juridiction compétente.
Cette affaire met en évidence les dangers de la diffusion de contenus non vérifiés sur les réseaux sociaux. Bien que ces espaces numériques soient des lieux où chacun peut s’exprimer librement, ils ne doivent pas être utilisés à des fins de dénigrement ou de propagation de fausses informations. La colère et l’émotion, aussi compréhensibles soient-elles, ne peuvent justifier l’atteinte à l’honneur et à la réputation d’un individu ou d’une institution.
Il est impératif que les utilisateurs des réseaux sociaux prennent conscience de leur responsabilité numérique et réfléchissent aux conséquences de leurs publications. La liberté d’expression s’accompagne d’une exigence de véracité et de respect, des principes essentiels pour préserver la dignité et la réputation de chacun dans l’espace public numérique.
Jean Chresus, Abidjan
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