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Cameroun : Scandale de l'or, 15 tonnes volatilisées pendant que le ministre compte 22 kilos
 

Cameroun : Scandale de l'or, 15 tonnes volatilisées pendant que le ministre compte 22 kilos

 
 
 
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© Koaci.com - mardi 30 décembre 2026 - 07:39

Fuh Calistus Gentry, Ministre des Mines (Ph)



Le rapport ITIE 2023 révèle un écart vertigineux de 15 tonnes d'or non tracées, mettant à nu les failles d'un système minier camerounais en pleine déroute.


Depuis la publication du rapport de l'Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) 2023, une question embarrassante hante le secteur minier camerounais : où disparaissent les tonnes d'or extraites du sous-sol national ? Face à la polémique grandissante, le Pr Fuh Calistus Gentry, Ministre des Mines par intérim, a tenté de clarifier la situation dans un communiqué qui, paradoxalement, soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses.


Ecart vertigineux 


Les chiffres sont sans appel et défient toute logique : alors que les Douanes camerounaises déclarent 22,3 kg d'or exportés, les statistiques internationales enregistrent 15,2 tonnes en provenance du Cameroun à destination des Émirats Arabes Unis. Cet écart abyssal de près de 680 fois entre les données officielles et la réalité des flux révèle l'ampleur d'un système devenu totalement opaque, signe d’un régime à la dérive.


Quand un État ne peut même pas mesurer sa propre production, il ne s'agit plus simplement de fraude fiscale. C'est l'incapacité fondamentale à tracer, contrôler et anticiper qui est en cause. Sans données fiables, aucune politique publique efficace n'est possible, aucune projection macroéconomique ne tient la route.


Sonamines, un géant aux pieds d'argile


Au cœur du dispositif se trouve la Société Nationale des Mines (SONAMINES), censée être le comptoir unique et exclusif d'achat et de commercialisation de l'or pour le compte de l'État. Sur le papier, l'institution dispose de pouvoirs étendus. Dans les faits, elle se révèle être un colosse bureaucratique dépourvu de moyens réels.


 

Le ministre reconnaît lui-même que la Sonamines « ne dispose pas des moyens financiers et technologiques pour le rachat de la quote-part détenue par les opérateurs et le suivi de la production ». Cette faiblesse opérationnelle transforme le monopole légal en coquille vide, laissant le contrôle de fait aux acteurs informels, aux réseaux transfrontaliers et aux opérateurs étrangers, notamment chinois.


Des zones entières d'exploitation demeurent totalement inaccessibles aux agents de la Sonamines. Dans ces contrées reculées, des opérateurs chinois extraient l'or en toute impunité, hors de tout cadre légal et de toute fiscalité. La souveraineté minière devient alors un concept théorique face à une réalité où l'État ne contrôle plus son propre territoire.


Fraude fiscale généralisée et organisée


Le communiqué évoque pudiquement des « déclarations qui généralement ne sont pas sincères et complètes ». Preuve que la fraude fiscale est systématique dans le secteur aurifère camerounais. Les exploitants artisanaux et semi-mécanisés sous-déclarent massivement leur production, privant l'État de l'impôt synthétique minier qui devrait alimenter les caisses publiques.


Mais le problème dépasse largement les frontières camerounaises. La porosité des frontières terrestres permet à des exploitants des pays voisins de faire transiter leur or par le Cameroun, utilisant le pays comme pavillon de complaisance pour acheminer leur production vers les Émirats Arabes Unis. Le Cameroun devient ainsi, malgré lui ou avec la complicité tacite de certains, une plaque tournante régionale de l'or informel.


Soupçons de corruption 


Au-delà des défaillances systémiques, des accusations graves planent sur la gestion du secteur. Le ministre Fuh Calistus Gentry est soupçonné dans certains cercles d'avoir constitué une fortune considérable en un temps record, alimentant les rumeurs d'une « mafia des minerais » opérant au plus haut niveau de l'État.


Ces allégations, bien que non prouvées, trouvent un écho particulier dans un contexte où les responsables de la Sonamines sont accusés de complicité avec les opérateurs chinois. Comment expliquer autrement l'incapacité persistante à contrôler des sites pourtant connus et répertoriés ?


 

Le communiqué ministériel lui-même, censé rassurer, révèle involontairement l'incompétence d'une tutelle incapable de gérer les réserves nationales d'or. Reconnaître publiquement que l'État ignore 99% de sa production réelle n'est pas un signe de transparence, c'est l'aveu d'une faillite administrative.


Face à ce constat accablant, le gouvernement annonce une série de mesures pour janvier prochain : fermeture des sites sans système de traitement en vase clos, renforcement des capacités de la Sonamines, développement de la mine industrielle et modernisation du contrôle à distance.


Ces mesures, si elles vont dans le bon sens, arrivent tard et privilégient une approche coercitive plutôt que structurelle. Fermer des sites sans avoir d'abord formé, financé et accompagné les opérateurs artisanaux revient à traiter les symptômes plutôt que la cause profonde. Cette stratégie risque simplement de déplacer les flux vers des circuits encore plus clandestins, sans les capter ni les formaliser.


Le ministre se félicite que les réserves d'or du Cameroun soient passées de 37 kg à environ 1500 kg ces dernières années. Mais cette augmentation, face aux 15,2 tonnes qui transitent annuellement, apparaît dérisoire


Par ailleurs, l'exploitation artisanale, qui représente l'essentiel de la production nationale, se fait sans études de faisabilité préalables. Cette absence de planification empêche toute anticipation des volumes de production et donc toute politique cohérente. Vouloir industrialiser le secteur sans avoir d'abord structuré l'existant relève de la fuite en avant, marque de fabrique du régime Biya totalement à la dérive.


-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.


-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com 


 
 
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