

Cameroun : Menace de l'arrêt des importations des produits alimentaires, « le Gicam fait du chantage au gouvernement », Louis Marie Kakdeu
Du poulet produit au Cameroun (Ph)
L’affaire fait grand bruit depuis hier. Lors d’un échange avec les autorités le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam), a fait planer le spectre de l’arrêt des importations à partir de janvier 2022, compte tenu de la flambée des prix de nombreux produits à l’international.
Les hommes d’affaires camerounais ont également fustigé le jeu trouble du gouvernement.
Pour ces hommes d’affaires, si rien n’est fait le Cameroun risque une pénurie de produits alimentaire ce qui va entrainer une famine sans précédent.
Chantage
Louis Marie Kakdeu, titulaire d’un PhD, enseignant-chercheur et président du forum camerounais des Services agricoles, estime que le Gicam fait du « chantage au gouvernement ».
Selon Louis Marie Kakdeu, les importations au Cameroun sont passées de 700 à 1400 milliards FCFA rien qu’en denrées alimentaires entre 2015 et 2021 soit en 5 ans.
« On observe la même tendance de la balance commerciale qui est au dessus de 1400 milliards FCFA en 2020 », fait remarquer l’enseignant-chercheur.
« Cette situation est intenable pour l’économie nationale et c’est dans ce contexte qu’intervient le chantage du patronat à travers le Gicam », poursuit-il.
Pour Louis Marie Kakdeu, le Gicam est une association dominée par des « commerçants » c’est à dire des opérateurs économiques qui ne créent pas localement des richesses.
« Ils [les commerçants] trouvent plus intéressant d’importer les produits fabriqués à l’étranger en vue de réaliser quelques fois jusqu’à 300% de marge bénéficiaire. Ce qui fait du Cameroun une économie extravertie dont le total des importations a dépassé 3850 milliards FCFA en 2019 plus de 4/5 du budget de l’Etat », précise l’expert camerounais.
« Le gouvernement ne doit pas céder », martèle-t-il.
Opportunité
Pour Louis Marie Kakdeu, si les patrons sont fâchés, ils n’ont qu’aller vendre leurs produits à bas coûts aux Etats-Unis.
L’expert en conseils agricoles reproche au gouvernement d’avoir ouvert son marché à outrance à travers des accords commerciaux mal négociés comme l’APE avec l’Union européenne au lieu de le protéger, « ce qui est défavorable à la production nationale. »
«Ce serait un joli cadeau de fin d’année, s’il y a moins d’importations, la concurrence déloyale appliquée aux produits locaux prendra fin et on assistera à une véritable éclosion de l’économie nationale. C’est une opportunité pour le Made in Cameroon », fait-il valoir.
Sur l’argument de famine, selon lequel, les populations mourront de faim si les importations venaient à s’arrêter, Louis Marie Kakdeu soutient que « rien de grand ne se fait sans efforts.»
« Les producteurs du monde entier qui ont besoin de marchés se bousculent aux portes du Cameroun », conclut-il.
Trop d’impôts
Le Gicam soutient que le gouvernement étouffe les opérateurs économiques avec trop d’impôts, des taxes douanières et fiscales et sollicitent dès lors plus de facilités pour les importations.
Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com-

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