Côte d'Ivoire : 21.352 cas de cancers enregistrés pour 14.143 décès en 2022, la prostate en tête avec 4.041 cas, les autorités sanitaires appellent à la prévention et au dépistage
À la faveur d’octobre Rose, mois consacré à la sensibilisation des femmes au dépistage du cancer du sein, à la prévention et à la lutte contre cette maladie, le Ministère de la Santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle, à travers le Programme national de lutte contre le cancer (PNLCa) en collaboration avec le laboratoire Roche, a organisé ce mardi 15 octobre 2024 dans un hôtel à Abidjan-Plateau, un atelier de formation à l’attention des médias sur les cancers.
L’objectif, était justement de renforcer la capacité des hommes et femmes de médias sur les cancers, qui constituent un véritable problème de santé publique en Côte d’Ivoire. Le professeur Adoubi Innocent, directeur coordonnateur du PNLCa et son équipe, se sont donc saisis de la symbolique d’octobre Rose pour permettre aux journalistes d’accroitre leurs connaissances sur l’épidémiologie du cancer qui comprend deux entités à savoir, l’épidémiologie descriptive qui concerne l’âge, l’incidence, les prévalences et les facteurs de risques qui permettent de déterminer le profil de patient qu’il faut suivre.
Pour édifier les participants, le choix du PNLCa s’est porté sur le professeur Touré Moctar, professeur de cancérologie à l’université Félix Houphouët Boigny et exerçant au service de cancérologie du CHU de Treichville.
Le cancérologue, dans une approche pédagogique, s’est appesanti sur trois types de cancer que sont : le cancer du sein, le cancer du col de l’utérus et le cancer de la prostate, depuis les facteurs de risque jusqu’à la prise en charge thérapeutique des patients. Il ressort des statistiques révélées par le formateur, que ce sont 21.352 cas de cancer qui ont été enregistrés en Côte d’Ivoire en 2022, pour 14.143 décès déplorés d’après les données de Globocan.
S’agissant du cancer du sein, le professeur Touré Moctar a indiqué que c’est un cancer qui est dépistable et dépisté tôt, on en guérit. “ En Côte d’Ivoire, de plus en plus, nous sommes en train d’avoir de petits cancers et nous entrons dans des projets de traitement qui nous permettent de guérir le patient. Mais il faut aller de l’avant, parce que beaucoup de choses restent à faire. Il s’agit, notamment, de la structuration, car les ressources humaines se sont développées ces derniers temps, cependant, les ressources structurelles trainent un peu le pas”, a-t-il déclaré.
A l’en croire, à ce jour, le cancer du sein en Côte d’Ivoire est le premier cancer chez la femme et la première cause de mortalité par le cancer chez la femme dans le monde. Il est dépisté à 99 % chez la femme et à 1 % chez l’homme.
Concernant le cancer du col de l’utérus, il a fait savoir qu’il “est un modèle de prévention et de guérison, parce qu’on en connait la cause, l’histoire naturelle et c’est un cancer qui est guérissable au stade précoce”. Il a toutefois regretté qu’au niveau local, il y ait encore des patients à des stades avancés. “ J’ai espoir malgré tout qu’avec le Programme national de lutte contre le cancer, les stratégies qui sont en train d’être mises en place, on arrivera à réduire sa prévalence”, a-t-il confié.
Pour ce qui est du cancer de la prostate, le formateur a révélé qu’il est le premier cancer en Côte d’Ivoire, selon les dernières données de Globocan en 2022 avec 4 041 cas. “ C’est un cancer d’évolution lente, qui est certes fréquent, mais dont la prise en charge est codifiée et bien référencée en Côte d’Ivoire”, a-t-il poursuivi.
Pour le professeur de cancérologie, le cancer n’est pas une fatalité, dans la mesure où il y a des femmes et des hommes en Côte d’Ivoire qui peuvent prendre en charge les cancers. Il suffit selon lui de faire en sorte que les choses s’améliorent avec la création de centres et créer les conditions d’une gestion systémique. Professeur Touré Moctar a appelé à la mise à disposition d’une base de données claire et précise. Toute chose qui passe par la digitalisation des services pour être plus précis dans les chiffres et recruter, en fonction des données, le maximum de patients de cancer sur des bases histologiques. Il a en outre souhaité que l’on ait des outils diagnostiques performants de manière à avoir des diagnostics précis et avoir une célérité dans l’obtention des résultats, pour qu'in fine, les populations puissent avoir accès aux médicaments de façon plus rapide, pour une prise en charge adéquate.
Parlant du traitement du cancer, le professeur Touré Moctar a précisé : “ le traitement du cancer, ce n’est pas la chimiothérapie, parce que lorsqu’on entre dans la chimiothérapie, elle est indiquée pour les cancers localement avancés ou à haut risque métastatique. Il faut aller vers la prévention pour traiter le cancer et le guérir. Allons vers la prévention, le dépistage pour avoir de petits cancers qui sont traitables et guérissables”, a-t-il exhorté.
Wassimagnon
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire