Côte d'Ivoire : Nady Bamba porteuse d'un émouvant message de Laurent Gbagbo aux femmes d'Abobo
Nady Bamba à Abobo (DR)
Après Yopougon, Nady Bamba épouse Gbagbo a rencontré les femmes de la commune d’Abobo.
La femme du président du Parti des Peuples Africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI) était porteuse d’un message émouvant de son époux aux Abobolaises.
Il s’agissait pour l’ex-président ivoirien d’évoquer les souffrances qu’elles ont connu lors de la crise post-électorale de 2010-2011 et lors de la présidentielle de 2020.
Donatien Kautcha, Abidjan
Ci-dessous l’intégralité du discours de Gbagbo aux femmes d’Abobo....
Mes Chères Sœurs, Mes Chères Filles, Dans le cadre de la tournée de remerciements, j’ai demandé que l’on vienne ici à Abobo. C’était important. Il était important, pour moi, de vous parler. De vous parler vrai. De vous parler juste.
De vous parler avec mon cœur. Je vous le devais. Je vous le dois. Je vous le dois car je sais que votre douleur va bien au-delà des mots de reconnaissance. Il me fallait aussi parler de la souffrance, de ces blessures profondes qui marquent encore cette commune, votre commune, qui a tant enduré. C’est vrai, toute la Côte d’Ivoire a souffert de la guerre.
Mais ce n’est pas toutes les communes qui ont dû survivre au Commando invisible. Mes pensées émues vont notamment vers les victimes du village d’Anonkoua Kouté.
Je suis conscient des épreuves que vous avez traversées. J’ai conscience de la souffrance et des traumatismes, qui marquent encore vos cœurs et les nôtres. Vous avez perdu des proches, des vies innocentes ont été emportées, et vous avez dû endurer les horreurs de cette guerre qui a laissé des cicatrices profondes à Abobo.
Vous avez affronté des épreuves que nul ne devrait porter. Mais malgré tout, vous êtes là, avec une force qui dépasse l’entendement. Vous êtes ici, debout, avec une dignité qui force le respect. Votre courage mérite d’être honoré. Votre résilience me touche, elle m’inspire. À vous, Femmes d’Abobo, qui avez perdu tant de choses, je veux dire que votre souffrance n’a pas été oubliée et que votre douleur doit être reconnue.
Il est crucial de parler de ces souffrances, de ne pas les laisser se cacher derrière des sourires ou des regards discrets. Je sais que, derrière chaque sourire, derrière chaque regard, il y a des histoires de souffrance, des vies brisées, des nuits d’insomnie et des souvenirs qui hantent. Ce n'est pas dans le silence que nous guérirons, mais dans la parole.
Quand je prendrai la tête de notre pays, si évidemment Dieu me Le permet, je m’engage à mettre en place un « Dialogue National pour réparer et réconcilier, dans la Vérité et la Justice ». Il ne s’agira pas de jeter en prison nos adversaires. Il ne s’agira pas de se venger. Il ne s’agira pas d’instrumentaliser la justice pour museler l’opposition et instaurer un climat de terreur. Non ! il ne s’agira pas de ça. Plus jamais ça Au contraire, il s’agira de parler parce que la parole libère. C’est dans la lumière de la vérité, dans le respect des droits de chacun, et dans l’écoute des souffrances de ceux qui ont été victimes des injustices que nous réussirons à restaurer la confiance, et à guérir les plaies profondes de notre société.
La réconciliation ne se fera pas en effaçant le passé, mais en le regardant en face, avec courage et dignité. C’est pourquoi le dialogue, que je souhaite mettre en place, sera un espace où chacun pourra exprimer ses souffrances, où la vérité pourra être dite sans crainte, et où la réconciliation pourra se faire sur des bases solides et justes. Ce n'est pas seulement une promesse, mais un engagement sincère de ma part : il est impératif que nous réparions ensemble les plaies de notre histoire, pour que chacun puisse enfin se reconstruire dans la paix. Aujourd’hui, je veux que vous sachiez que cette quête de vérité est essentielle pour moi. Je m’engage, une fois au pouvoir, à ce que toutes les victimes, sans exception, sans parti pris, de toutes les crises que la Côte d’Ivoire a connues, y compris celle consécutive à la contestation du 3ème mandat de 2020, soient indemnisées. À vous, Femmes ivoiriennes, je demande de continuer à porter cet espoir, de croire en la réconciliation. Je m’engage aujourd’hui à rester à vos côtés dans cette quête de vérité, pour que l’histoire de notre pays s’écrive avec justice et compassion. Car seule la paix peut bâtir le pays dont nous rêvons. Un pays où chacun peut marcher sans crainte et où chaque vie est respectée.
Recevez ce message avec tout le respect que mérite votre souffrance. Votre courage, vos sacrifices ne seront pas oubliés. Je m’engage à poursuivre ce chemin de vérité et de paix, pour vous, pour notre pays. Non dans la vengeance mais dans la vérité. Que Dieu nous aide tous à bâtir une Côte d’Ivoire où justice et compassion triomphent pour l’avenir de nos enfants. Que Dieu vous bénisse. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire. Avec toute mon admiration, et mon affection.
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