Cameroun : Retour progressif au calme à Bogo après des tensions communautaires et un week-end de violences
images des affrontements de Bogo (Ph)
Dans l'arrondissement de Bogo, au cœur du département du Mayo-Danay, région de l'Extrême-Nord, le calme est progressivement revenu après un week-end de tensions intercommunautaires intenses. Pendant deux jours, les communautés Moussey et Massa se sont affrontées avec une violence inouïe, utilisant des lances et laissant derrière elles un paysage de désolation.
Selon plusieurs sources sécuritaires et administratives concordantes, les dégâts matériels sont considérables, en particulier dans les habitations. Les affrontements ont fait au moins deux morts du côté Moussey, révélant la profondeur du conflit entre ces deux communautés, apprend-on ce mardi matin.
L'arrivée de Midjiyawa Bakari, gouverneur de la région de l'Extrême-Nord, semble avoir contribué à apaiser les tensions. Il a proposé une rencontre entre les deux communautés pour résoudre durablement leurs différends. Cependant, l'atmosphère reste électrique: les deux communautés se toisent encore avec méfiance, signe que les braises du conflit couvent toujours.
Les origines de ces tensions remontent à des accusations récurrentes de vol de bétail. Les Moussey du canton de Moussey reprochent depuis longtemps aux Massa du canton de Bougdoum d'abriter de nombreux voleurs de bétail. Les derniers événements illustrent tragiquement ces tensions.
Tout a commencé le 6 décembre dernier par un vol de quatre bœufs. Des habitants de Massa-Koudwaïta ont dérobé le troupeau d'éleveurs Moussey. Ces derniers ont retrouvé les animaux et en ont récupéré trois après une confrontation. Mais ce conflit a rapidement dégénéré en représailles meurtrières, causant la mort de deux Moussey.
Les forces de sécurité sont rapidement intervenues. Les éléments du Bataillon d'intervention rapide stationnés à Polgue, soutenus par les gendarmes de Gobo, ont été déployés pour contenir les communautés. Des renforts ont été acheminés depuis Yaogoua pour renforcer le dispositif.
Ce n'est pas un incident isolé. Pour rappel, le 28 novembre précédent, un Moussey avait déjà été assassiné après avoir acheté 19 chèvres sur un marché. Quelques jours auparavant, sept malfaiteurs venus du canton de Bougdoum avaient agressé des commerçants tchadiens, provoquant une intervention qui s'est soldée par la capture du chef de canton.
Ces événements s'inscrivent dans un contexte plus large de conflits intercommunautaires dans l'Extrême-Nord du Cameroun. Les tensions sont alimentées par des enjeux complexes : compétition pour les ressources naturelles, rivalités traditionnelles et dynamiques socio-économiques tendues.
Les affrontements de Bogo rappellent tristement ceux de la région de Logone-et-Chari en 2021, qui avaient opposé pêcheurs et éleveurs, causant 22 morts et des dizaines de milliers de déplacés. Ils soulignent l'urgence de trouver des solutions durables pour prévenir et résoudre ces conflits qui déchirent les communautés. Défis face auxquels le gouvernement semble ne pas trouver de solutions durables.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com
Infos à la une