Drame à Toliesso (Ph KOACI)

À Toliesso, petit village situé dans le département d’Aboisso, un drame familial d’une rare violence a bouleversé toute la communauté dans la nuit du 17 au 18 juin 2025. Ce village de la sous-préfecture de Kouakro, dans le canton Affema, a été le théâtre d’un crime atroce où l’appât de l’or a fait voler en éclats les liens du sang.

Deux frères, impliqués dans l’orpaillage clandestin sur un terrain marécageux, avaient pour habitude de travailler ensemble dans l’espoir de découvrir le précieux métal. Mais ce partenariat familial s’est tragiquement terminé lorsqu’une querelle, sur fond de partage et de limites territoriales, a éclaté. Le cadet, accusé par son aîné d’avoir franchi une zone interdite dans leur exploitation illégale, a provoqué la colère noire de ce dernier. Aveuglé par la rancœur et le ressentiment, l’aîné a alors pris une décision irréparable : engager trois individus pour « donner une leçon » à son jeune frère.

L’expédition punitive a rapidement viré au cauchemar. Roué de coups, le cadet n’a pas survécu à la brutalité de ses agresseurs. Ce n’est que trois jours plus tard que les villageois, alertés par une forte odeur et par l’absence prolongée du jeune homme, ont découvert son corps en état de décomposition avancée. L’émotion a été immédiate et profonde, déclenchant une marche spontanée de protestation dans les rues du village, en signe de deuil et de colère.

Grâce à la réactivité des forces de l’ordre, les quatre suspects – le frère aîné et les trois hommes de main – ont été rapidement arrêtés et placés en détention. Une enquête judiciaire a été ouverte et les mis en cause seront prochainement présentés devant les juridictions compétentes pour répondre de leurs actes.

Ce fait divers tragique, au-delà de l’indignation qu’il suscite, met en exergue les dérives destructrices de l’orpaillage clandestin en Côte d’Ivoire. Non seulement cette activité illégale ravage les sols et compromet l’équilibre environnemental, mais elle alimente aussi une spirale de violences et de tragédies humaines insoutenables. À Toliesso, c’est une famille qui s’est brisée. Mais c’est toute une communauté qui pleure aujourd’hui la perte d’un fils, victime de la convoitise et de l’absence de régulation.

Jean Chresus, Abidjan