Léon Theiller Onana (Ph)

L'annonce a fait l'effet d'une bombe dans le paysage politique camerounais. Léon Theiller Onana, un simple conseiller municipal de Monatélé et membre du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), a décidé de bousculer les conventions en révélant publiquement ses ambitions présidentielles pour les élections d'octobre 2025.

 Cette déclaration arrive à un moment où tout l'appareil du parti au pouvoir s'active déjà pour encourager Paul Biya, figure emblématique du régime depuis quatre décennies, à se lancer dans un nouveau mandat.

Cela place le système politique camerounais face à un dilemme deux candidats du même parti pourraient théoriquement se présenter à l'élection suprême. Mais la démarche de Léon Theiller Onana n'est pas qu'une simple déclaration d'intention ; elle repose sur une argumentation juridique solide.

Selon lui, Paul Biya ne peut plus légalement représenter le RDPC à la présidentielle, son mandat à la tête du parti ayant expiré en 2016.

 Cette situation découle de l'absence de congrès du parti depuis près d'une décennie, un événement qui est pourtant statutairement obligatoire pour renouveler les instances dirigeantes.

Cette interprétation des textes a déjà conduit le conseiller municipal devant les tribunaux, où il a tenté de forcer son parti à organiser ce congrès tant attendu. Bien que le Tribunal de première instance de Yaoundé-Centre administratif ait déclaré ne pas être compétent sur cette question, son action judiciaire a marqué les esprits et propulsé son auteur sur la scène politique nationale.

Jusqu'alors peu connu du grand public, Léon Theiller Onana représente une nouvelle génération de militants qui refuse de se soumettre aveuglément aux hiérarchies établies.

Le profil de Léon Theiller Onana se démarque dans un paysage politique où les carrières se forgent souvent dans l'ombre des grands barons du régime. Sa candidature met en lumière les tensions internes qui traversent le parti au pouvoir, partagé entre ceux qui aspirent à un renouvellement générationnel et ceux qui défendent la continuité incarnée par Paul Biya. "Cette fracture, longtemps masquée par l'apparente unanimité du RDPC, s'exprime désormais de manière inédite. Les défis d'une candidature « impossible » sont bien réels.

Malgré sa détermination, Léon Theiller Onana se heurte à des obstacles majeurs. Les statuts du RDPC désignent clairement le président national comme le candidat naturel aux élections présidentielles. Sans l'aval officiel du parti, sa candidature semble presque impossible à réaliser. Les instances dirigeantes du RDPC - Bureau politique, Comité central, directoire - n'ont pas montré de soutien pour cette initiative.

Pire encore, plusieurs membres du parti considèrent cela comme une manœuvre de communication politique visant à accroître la notoriété de son auteur plutôt qu'une véritable ambition présidentielle. En ce qui concerne sa vision programmatique et ses ambitions sociales, au-delà des controverses juridiques, le candidat déclaré propose un discours social axé sur la volonté de représenter « les oubliés de la République ».

Son programme, encore en gestation, met l'accent sur la justice sociale, la réconciliation nationale et la refondation des institutions. Cette orientation populiste contraste avec le discours traditionnel du RDPC, qui se concentre davantage sur la stabilité et la continuité.

Léon Theiller Onana mise sur sa capacité à incarner l'alternance démocratique au sein même du parti au pouvoir, une posture révolutionnaire dans le contexte camerounais. Les enjeux et perspectives d'une candidature historique soulèvent des questions essentielles sur l'évolution du système politique camerounais. Sa candidature pourrait obliger les instances électorales à reconsidérer leur approche.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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