Officialisation ce mercredi à Cocody du Front Commun PPA-CI/PDCI (Ph KOACI)

À trois mois d’un scrutin présidentiel qui s’annonce décisif pour l’avenir démocratique de la Côte d’Ivoire, les deux principales forces de l’opposition, le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI-RDA de Tidjane Thiam, ont officialisé ce mercredi 16 juillet 2025 à Cocody à Abidjan, la création d’un Front commun, comme sur place constaté par KOACI.

L’événement, organisé au siège du PDCI à Cocody, a réuni cadres, militants et responsables des deux formations autour d’une vision partagée : œuvrer à une élection présidentielle transparente, juste et inclusive.

Cette alliance politique, décrite comme « non idéologique », se veut avant tout un acte de responsabilité face aux enjeux démocratiques du pays.

Me Habiba Touré, cadre du PPA-CI, a donné lecture de l’Acte constitutif, signé par Sébastien Dano Djédjé pour le PPA-CI et Noël Akossi Bendjo pour le PDCI. Sous les applaudissements, elle a égrené les revendications portées par le nouveau Front, dont la réintégration sur la liste électorale de plusieurs figures majeures de la vie politique : Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé et Akossi Bendjo.

Parmi les autres exigences figurent la révision complète de la liste électorale, son audit indépendant, ainsi que la réforme de la Commission Électorale Indépendante (CEI), en vue d’une proclamation des résultats bureau de vote par bureau de vote. Le Front plaide également pour l’ouverture urgente d’un dialogue politique national, associant partis et société civile.

Pour Dano Djédjé, président exécutif du PPA-CI, cet accord est « un acte de maturité politique » et non une manœuvre électoraliste.

« Ce n’est pas une alliance de circonstance. Il y a 20 ans, nos partis étaient frontalement opposés. Aujourd’hui, les héritiers d’Houphouët-Boigny et de Laurent Gbagbo ont choisi de marcher ensemble », a-t-il déclaré.

Même ton du côté du PDCI. Noël Akossi Bendjo, coordonnateur général, a affirmé que cette union « répond à la volonté profonde de la majorité des Ivoiriens de tourner la page des divisions politiques », rendant hommage à Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam pour leur engagement commun au service de la Côte d’Ivoire. Il a dénoncé une « justice intolérable », plaidant pour une alternative portée par l’unité et la souveraineté populaire.

Le Front commun, désormais structuré autour d’organes dirigeants paritaires et d’une stratégie concertée, ambitionne de jouer un rôle central dans le débat national. À travers cette alliance, les deux partis affirment vouloir sortir des logiques de pouvoir pour mettre en avant une perspective républicaine et inclusive.

Me Habiba Touré a insisté : « Il ne s’agit en aucun cas d’un accord visant des ambitions personnelles, mais d’un engagement sincère au service de la République et du peuple ivoirien. » Et de conclure : « Ce projet politique est viable, légitime et structuré. Il incarne une voie nouvelle pour notre pays. »

À la veille d’une présidentielle dont les enjeux dépassent les querelles partisanes, le Front commun PPA-CI/ PDCI appelle l’ensemble des Ivoiriens à se mobiliser dans le calme, la vigilance et la responsabilité, afin que l’espérance d’un renouveau démocratique partagé devienne réalité.

Pour rappel, les deux présidents des deux partis ont un point en commun, ils sont tous deux hors-jeu (inéligilbes, ndlr) pour la présidentielle de 2025. Entre un PDCI bouleversé depuis le décès de Bédié et un PPA-CI en turbulence depuis la dynamique Don Mello, reste à savoir qui au PDCI et au PPA-CI déposera un dossier de candidature pour la candidature à la présidentielle d'octobre prochain.

Enfin, rappelons également que le Président du PDCI a quitté la Côte d'Ivoire depuis avril dernier et tente de gérer au mieux le parti depuis la France. Rien n'indique à ce jour qu'il rentrera avant ou après le scrutin.

Jean Chresus, Abidjan