Dans une déclaration conjointe et solennelle faite ce jour à Abidjan, les cinq principales centrales syndicales de Côte d’Ivoire ont lancé un vibrant plaidoyer en faveur de la ratification par l’État ivoirien de la Convention 190 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), adoptée à Genève en juin 2019. Cette convention, première du genre, vise à éliminer la violence et le harcèlement dans le monde du travail.

Lue par Mamadou Soro, Secrétaire général de la centrale syndicale Humanisme et porte-parole des cinq organisations, cette déclaration regroupe les voix de l'Union Générale des Travailleurs de Côte d’Ivoire (UGTCI), représentée par Joseph Koffi Akanza, la Confédération des Syndicats Libres – Dignité (CISL-Dignité), avec son président Boga Dago Élie, la Fédération des Syndicats Autonomes de Côte d’Ivoire – Confédération Générale (FESACI-CG), dirigée par Traoré Yakouba, l’Union Nationale des Travailleurs de Côte d’Ivoire (UNATR-CI), représentée par le Dr Yves Kodibo. Et enfin, Humanisme, représentée par Mamadou Soro.

Dans son allocution, Mamadou Soro a salué la présence des journalistes, des organisations patronales et des partenaires sociaux, tout en soulignant l’importance de ce plaidoyer collectif.

« La ratification de la C190 n’est pas une simple formalité administrative. Elle représente un engagement moral, social et politique, attendu de la Côte d’Ivoire, pays membre fondateur de l’OIT. Elle est essentielle pour garantir un environnement de travail sûr, sain et respectueux de la dignité humaine », a affirmé le porte-parole.

La Côte d’Ivoire a déjà ratifié 45 conventions et deux protocoles de l’OIT, dont les 10 conventions fondamentales. Plus récemment, le pays a ratifié en 2025 la Convention 189 sur les travailleurs domestiques.

Les syndicats saluent cette progression, mais insistent sur l’urgence d’aller plus loin. Selon eux, la Convention 190 permettrait de lutter efficacement contre les violences – physiques, psychologiques et sexuelles – qui persistent dans plusieurs secteurs d’activités formels et informels du pays.

Les cinq centrales rappellent que l’OIT est une institution tripartite, impliquant gouvernements, employeurs et travailleurs. Ainsi, elles appellent la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), la Fédération Ivoirienne des Petites et Moyennes Entreprises (FIPME) ainsi que le gouvernement à se joindre à cette campagne pour une ratification rapide.

« La ratification nous donnera une force juridique et morale, un véritable carburant pour renforcer notre action sur le terrain. Sans elle, nous restons désarmés face à des employeurs qui se réfèrent exclusivement au droit national. Nous avons besoin d’un cadre légal renforcé, reconnu et contraignant », a insisté Mamadou Soro.

Grâce à l’appui du BIT Côte d’Ivoire, un comité intersyndical pour la ratification de la C190 a été mis en place, composé des cinq centrales. Ce comité travaille depuis plus d’un an sur ce projet, menant consultations, campagnes et correspondances officielles avec le ministère de l’Emploi et de la Protection Sociale, ainsi qu’avec les organisations patronales.

La prochaine étape consistera en une vaste campagne de sensibilisation, notamment au sein de la SOTRA, entreprise de transport public, avec la participation de toutes les parties prenantes.

Au-delà des partenaires institutionnels, les syndicats ont particulièrement interpellé les médias. 

« Vous êtes notre relais. Si vous n’êtes pas avec nous, qui va nous entendre ? C’est pourquoi nous sollicitons votre mobilisation massive pour relayer cette campagne. La ratification de la Convention 190 est une cause nationale que nous devons porter ensemble. »

À l’issue de cette conférence, les cinq centrales ont exprimé leur volonté que la Convention 190 soit ratifiée d’ici la fin de l’année 2025, à l’image de la réussite obtenue avec la Convention 189.

« Ensemble, travailleurs, patronats, État de Côte d’Ivoire, groupes de presse, faisons un mouvement commun pour la ratification de la Convention 190 », a conclu la déclaration.

Wassimagnon