Côte d'Ivoire : Présidentielle 2025, l'Église catholique appelle à une élection juste, transparente, inclusive et pacifique
À l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025, les Archevêques et Évêques catholiques de Côte d’Ivoire élèvent une voix prophétique pour interpeller la conscience nationale. Dans une lettre pastorale publiée dans le cadre du Jubilé d’espérance, ils lancent un appel solennel à l’ensemble des acteurs politiques, institutionnels, religieux et citoyens pour une élection sans violence, respectueuse du droit et fondée sur les valeurs démocratiques.
Depuis l’instauration du multipartisme en 1990, les scrutins en Côte d’Ivoire sont régulièrement entachés de tensions, de fraudes, de violences et de crises post-électorales, comme en témoignent les épisodes tragiques de 2000, 2010 et 2020. Face à cette récurrence, les Évêques appellent à un changement profond et durable du processus électoral.
La lettre pastorale affirme que la Côte d’Ivoire dispose des ressources juridiques, culturelles, spirituelles et humaines pour réussir une élection apaisée, à condition que tous les acteurs manifestent une volonté politique sincère, un respect des principes démocratiques et un engagement collectif.
Les Évêques articulent leur réflexion autour de trois axes essentiels, analyse des facteurs influençant le processus électoral, examen des principes électoraux à préserver et propositions concrètes pour la stabilité nationale et la dignité humaine.
Les Évêques dressent un diagnostic sans complaisance du paysage électoral. Ils dénoncent la faible culture politique et civique, propice à la manipulation, une société civile inefficace ou instrumentalisée, incapable de jouer son rôle de contre-pouvoir, des problèmes d’identification et de démographie, avec des controverses sur les nationalités et les listes électorales, la corruption généralisée, y compris au sein des institutions électorales et les médias partisans, qui exacerbent les divisions au lieu de promouvoir le débat serein.
À cela s’ajoute un passif lourd de violences électorales (coup d’État en 1999, rébellion armée en 2002, crise de 2010, violences de 2020), qui a profondément entamé la confiance dans le processus démocratique.
Les Évêques insistent sur les principes fondamentaux devant guider toute élection digne de ce nom, notamment, la liberté et égalité d’accès au vote et à la candidature, la transparence, sincérité, crédibilité et sécurité du scrutin, l'inclusivité des populations souvent marginalisées et le respect strict de la légalité, sur la base des textes nationaux et internationaux.
Ils rappellent que la paix véritable repose sur la justice, l’amour, la vérité et la liberté, comme le soulignait le pape Jean XXIII dans Pacem in Terris.
Ils appellent à une liste électorale fiable et inclusive: "La liste actuelle est jugée incomplète et contestée : seuls 8,7 millions d’électeurs sont inscrits sur une population de plus de 29 millions", précise la Conférence.
Les Évêques préconisent une mise à jour régulière, une inscription simplifiée et continue, et l’ouverture d’un dialogue entre les acteurs politiques et la société civile.
L’éligibilité des candidats : éviter les exclusions sources de conflit. Pour eux, les contentieux sur l’éligibilité de certains candidats sont récurrents.
Les Évêques appellent à des arrangements politiques inclusifs et à une interprétation consensuelle des textes pour éviter les blocages.
Ils souhaitent la réforme de la Commission Électorale Indépendante (CEI).
"Actuellement perçue comme déséquilibrée et politisée, la CEI doit être réformée pour devenir véritablement indépendante, compétente et crédible",lit-on dans la declaration.
La Conférence demande au pouvoir de prévenir la violence, promouvoir la culture de la paix.
"L’élection de 2025 doit être une élection sans mort ni blessure.Tous les acteurs sont appelés à travailler ensemble pour préserver la paix, dans un esprit de justice, de respect mutuel et de fraternité", souligne, la déclaration.
Les Évêques plaident pour une démocratie mûre, responsable et pacifique, enracinée dans des valeurs éthiques et spirituelles. Ils rappellent quatre grands principes moraux à respecter, la règle d’or (réciprocité) : Traiter autrui comme on voudrait être traité soi-même, le principe d’universalité : Agir selon des normes applicables à tous, indépendamment du pouvoir, le respect de la dignité humaine : Ne jamais instrumentaliser les personnes pour conserver le pouvoir et l’autonomie responsable : Être à la fois auteur et sujet de la loi.
L’Église catholique ivoirienne exhorte chaque citoyen, chaque acteur politique et chaque institution à s’engager sincèrement en faveur d’élections crédibles, justes et pacifiques. Elle invite à rejeter la haine, la calomnie et la violence, et à promouvoir la paix, la réconciliation, la fraternité et la justice.
Dans une invocation finale inspirée de Saint Óscar Romero, les Évêques rappellent que la paix véritable n’est ni soumission ni silence, mais un engagement actif et généreux au service du bien compartagé.
À travers cette lettre pastorale, l’Église catholique en Côte d’Ivoire trace la voie d’une présidentielle 2025 placée sous le sceau de la paix, de la maturité démocratique et de l’espérance partagée.
Notons que cette lettre pastorale a été lue par, Mgr Marcellin Kouadio Yao, Président de la Conférence, qui avait à ses côtés, le Cardinal Ignace Bessi, Mgr Alain-Clément Amiezi, Mgr Bruno Yédo, Vice-président de la Conférence
Wassimagnon
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