Côte d'Ivoire : FGTCI, les centrales syndicales s'unissent pour faire face à la précarisation de l'emploi
Les centrales syndicales (Ph Koaci)
Une dynamique nouvelle semble se dessiner dans le paysage syndical ivoirien. À l’initiative de la Fédération Générale des Travailleurs de Côte d’Ivoire (FGTCI), représentée par son secrétaire général Zegbeuh Koudou Evariste, une rencontre d’échange a eu lieu avec la Confédération Syndicale Espoir – Côte d’Ivoire (CSE-CI), conduite par son premier responsable Pacôme Fallet Attaby, au siège de ladite organisation à Yopougon.
Cette réunion a permis aux deux centrales de réfléchir à plusieurs problématiques qui minent le monde du travail en Côte d’Ivoire, notamment la précarisation croissante des emplois, la fragilité du cadre juridique du travail et l’émergence de pratiques contestées en entreprise.
« Nous avions adressé un courrier à cette centrale, ainsi qu’à d’autres, pour proposer une réflexion collective sur la mutation du cadre juridique des marchés du travail », a expliqué M. Koudou. Cette rencontre, selon lui, visait à « recenser les blocages existants – juridiques, institutionnels ou politiques – et à élaborer une plateforme commune de propositions à soumettre au gouvernement ».
Trois grandes propositions ont été formulées : la création d’un Parlement syndical pour une concertation permanente entre syndicats, la mise en place d’une université syndicale pour renforcer les capacités des représentants du personnel, et enfin la création d’un observatoire du monde du travail, chargé de surveiller les pratiques professionnelles dans les entreprises et documenter les abus.
Zegbeuh Koudou Evariste a dénoncé l’augmentation des licenciements économiques, souvent mal encadrés et non justifiés : « Les employeurs disposent de marges de manœuvre trop larges pour se séparer des employés. Cela crée un climat d’insécurité permanente. »
De son côté, Pacôme Fallet Attaby a mis en lumière des difficultés structurelles plus profondes : « Il faut noter qu'en Côte d’Ivoire, il y a l’absence d’un véritable État de droit en matière de justice sociale. En Europe, lorsqu’un employeur abuse de son employé, la justice joue son rôle. Ce n’est pas toujours le cas ici. » Il a également alerté sur la dérive d’un certain « syndicalisme communautariste », éloigné du terrain, et sur la faible solidarité entre travailleurs. « Certains employés, à cause de la pauvreté, acceptent des salaires en deçà du SMIG sans protester, juste pour subvenir aux besoins de leur famille. »
Si cette rencontre n’a pas pour ambition d’unifier toutes les centrales syndicales existantes, elle se veut le point de départ d’une unité d’action ciblée sur les enjeux les plus urgents du monde du travail.
« Nous savons qu’il y a plusieurs centrales, chacune avec son identité, mais nous pensons qu’il est essentiel de fédérer nos énergies autour des questions qui fâchent et qui impactent négativement les travailleurs », a insisté Koudou Evariste, ajoutant qu’un appel a été lancé à d’autres faîtières telles que l’UGTCI, la FESACI ou encore l’UNATRCI, dont plusieurs ont déjà répondu favorablement.
Dans un pays où le patronat est structuré et le gouvernement bien organisé, les syndicats ivoiriens veulent désormais parler d’une seule voix sur les sujets cruciaux. Une stratégie qui pourrait bien peser dans les futures négociations sociales.
Enfin, nous apprenons que la FGTCI travaille activement pour proposer une solution pour lutter contre la vie chère et participer à l'augmentation du pouvoir d'achat. Nous y reviendrons.
Jean Chresus, Abidjan
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