Les personnes interpellées (Ph Koaci)

Dans la discrétion d’une opération bien préparée, la Société de Développement des Forêts (SODEFOR) a réussi à frapper un grand coup contre l’orpaillage clandestin qui mine les forêts classées de Côte d’Ivoire. Depuis plusieurs mois, l’institution multiplie les actions pour protéger le patrimoine forestier du pays, et l’opération baptisée Faucon 2 a permis de lever le voile sur un réseau particulièrement actif dans la zone d’Alepé.

Tout a commencé le 23 juillet 2025, lorsqu’un renseignement anonyme a conduit les équipes de contrôle forestier sur les rives du fleuve Comoé. Huit individus y ont été surpris en pleine activité illicite d’extraction de sable et de pierre. Pris sur le fait, ils ont été immédiatement interpellés. Au cours de cette même opération, un certain Yacou, tenté de corrompre les agents avec une somme de quatre millions de francs CFA, a également été arrêté, aggravant son cas.

L’enquête, conduite en étroite collaboration avec le Pôle pénal économique et financier d’Abidjan, a révélé que les activités sur le fleuve Comoé s’appuyaient sur un véritable circuit organisé. Au cœur du dispositif, un homme : Adamo, propriétaire d’une agence de transfert d’argent à Alepé. Derrière une façade légale, son commerce servait de couverture à un système de transactions occultes, où l’or circulait aussi facilement que le mercure destiné aux orpailleurs clandestins. Le lieu était devenu, selon les habitants, une plaque tournante des échanges frauduleux.

Le 16 août 2025, après plusieurs jours de filature et sous la supervision du procureur adjoint, les agents de la SODEFOR ont mis fin aux agissements de ce présumé cerveau. Adamo a été appréhendé à Alepé aux alentours de 17 heures, en même temps que deux de ses complices. Tous trois ont été conduits au siège de la SODEFOR pour être entendus, avant d’être déférés devant la justice en compagnie des huit premiers suspects arrêtés en juillet.

Ce coup de filet est une avancée majeure dans la lutte contre l’orpaillage clandestin, activité qui menace non seulement les forêts classées, mais aussi les cours d’eau et l’équilibre écologique du pays.

Jean Chresus, Abidjan