Cameroun : Plus de deux ans après sa mort, l'affaire Martinez Zogo entre enfin dans le vif du sujet
Deux ans et demi après l'assassinat du journaliste, le tribunal militaire de Yaoundé examine enfin le fond du dossier. Les premiers témoins livrent leurs témoignages dans une affaire qui passionne le Cameroun.
Le 1er septembre 2025 marquera-t-il un tournant dans l'une des affaires judiciaires les plus suivies du Cameroun ? Après des mois de procédures et de reports, le tribunal militaire de Yaoundé a ouvert les débats de fond dans l'affaire Martinez Zogo, cet animateur radio emblématique assassiné en janvier 2023.
L'animateur de l'émission « Embouteillages », très populaire dans la capitale camerounaise, avait été enlevé le 17 janvier 2023 avant d'être retrouvé mort cinq jours plus tard à Soa, en périphérie de Yaoundé. Depuis, l'enquête a connu de nombreux rebondissements et obstacles procéduraux qui ont retardé l'examen du fond.
« Nous allons pouvoir enfin poser les vraies questions : qui a assassiné Martinez Zogo, qui a commandité cet assassinat et pourquoi ? », s'est réjoui Maître Calvin Job, représentant la famille de la victime. L'avocat déplore toutefois l'absence d'accès complet au dossier d'instruction pour la partie civile, contraignant les défenseurs à consulter les pièces uniquement au greffe du tribunal.
Témoignages
La première journée d'audience, qui s'est étalée de 11h à 21h, a permis l'audition de deux témoins sur les quarante-cinq prévus. Le premier, celui qui avait découvert le corps du journaliste, a été longuement interrogé pendant près de trois heures sur les circonstances de cette macabre découverte. Le chef de la localité d'Ebogo a également livré son témoignage sur les événements et les mesures prises à l'époque.
Le ministère public, le ministère de la défense et la partie civile ont tour à tour questionné ces témoins clés, cherchant à établir les circonstances exactes de la mort du journaliste.
Parmi les principaux prévenus figure le colonel Justin Danwe, soupçonné de complicité dans l'enlèvement et la torture de Martinez Zogo. Des membres de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) sont également poursuivis dans cette affaire sensible.
L'homme d'affaires Jean-Pierre Amougou Belinga fait aussi partie des accusés. Son avocat, Maître Charles Tchoungang, assure que son client aborde cette phase « avec sérénité », y voyant potentiellement « le début de sa libération ».
Transparence
La défense avait sollicité un huis clos partiel par la voix de Maître Claude Assira, représentant certains accusés de la DGRE. L'objectif était de préserver d'éventuels secrets d'État lors des témoignages sensibles. Cette requête a été rejetée par le tribunal, qui a privilégié la transparence des débats publics.
Plus de deux ans après sa mort, la dépouille de Martinez Zogo demeure sous scellés à la morgue de l'hôpital central de Yaoundé.
Les prochaines audiences promettent d'être déterminantes pour établir la vérité sur cet assassinat qui a marqué le paysage médiatique camerounais. Avec encore quarante-trois témoins à entendre, le processus judiciaire s'annonce long mais déterminant pour la crédibilité de la justice camerounaise.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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