Les présumés braqueurs (Ph Koaci)

Une routine banale a basculé dans l’horreur pour M. IK, un commerçant gérant d’un magasin de café-cacao. Mandaté par une coopérative agricole de la région de Téapleu, il venait d’effectuer un retrait de 140 millions de francs CFA à la banque, qu’il rangeait soigneusement dans son véhicule.

Alors qu’il circulait en direction de son village, les événements ont pris une tournure dramatique.

Soudainement, deux individus à moto, de type Apsonic noire, surgissent derrière lui. Ils lui ordonnent de s’arrêter, et dans l’instant, des tirs éclatent, perforant les pneus de son véhicule et l’immobilisant. M. IK, pris de panique et impuissant, voit les malfaiteurs s’emparer du sac contenant les 140 millions de FCFA avant de prendre la fuite à toute vitesse, en direction du village de Zélé.

Choqué mais indemne, il se rend immédiatement à la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI) de Man pour signaler l’incident. Les enquêteurs, rapidement sur place, entament une série d’investigations minutieuses, scrutant les moindres détails de l’attaque. En écoutant la victime, un élément capital fait surface : les braqueurs semblaient non seulement connaître l’itinéraire, mais aussi le montant exact de l’argent transporté. Cette révélation laisse envisager une complicité au sein du réseau criminel.

Les premiers indices orientent l’enquête vers un individu identifié sous le nom de Z M, surnommé "Hamed". Cet homme, originaire du Burkina Faso, est interpellé à Man. Face aux enquêteurs, il finit par avouer avoir été impliqué dans la préparation du braquage. Selon ses dires, lui et un autre complice, "Logros", avaient acquis la moto utilisée dans le braquage quelques semaines avant l’attaque, le 14 novembre 2025. La moto Apsonic noire avait été choisie spécifiquement pour l’opération.

L’enquête se poursuit, et d’autres membres du gang sont identifiés et arrêtés. Le 18 décembre, "Logros", alias D M, est interpellé à Lakota, en possession de 5,5 millions de FCFA. Le 20 décembre, à Abidjan, "Ablo", alias B A, un autre membre du groupe, est arrêté dans le quartier de Yopougon lors d’une opération conjointe avec la BRI d’Abidjan. Tous deux sont rapidement transférés à Man pour des interrogatoires.

Sous la pression des enquêteurs, "Logros" avoue toute l’histoire du braquage. Il raconte qu’il avait été contacté par "Ablo" quelques jours avant l’attaque, et qu’il avait été logé à Zélé, à proximité de Man, où il a reçu une Kalachnikov et des instructions précises sur son rôle : détruire les pneus du véhicule ciblé. Après le braquage, le groupe se sépare, abandonnant la moto et se rendant à Daoukro, où "Logros" a reçu 20 millions de FCFA, une partie de son butin.

De son côté, "Ablo" confesse avoir recruté "Logros" et reconnaît avoir été contacté par "Môkô", un individu basé au Burkina Faso, considéré comme l’un des cerveaux derrière l’opération criminelle. Il avoue également avoir reçu une part de l’argent volé, dont 5,5 millions de FCFA retrouvés sur lui, qui seront restitués à la victime, sous l’instruction du Procureur.

Les suspects, désormais sous garde, devront répondre devant la justice pour des charges graves, notamment association de malfaiteurs, vol en réunion à main armée et usage d’arme de guerre. Les enquêtes continuent pour localiser et appréhender d’autres membres du gang, dont le cerveau présumé, toujours en fuite.

Le braquage, minutieusement préparé et exécuté, a été démantelé grâce à l’intervention rapide et bien orchestrée des forces de l’ordre.

Jean Chresus, Abidjan