Côte d'Ivoire : Législative à Toulepleu, quand Denis Kah Zion salue la victoire avant de crier à la fraude
L’élection législative du 27 décembre 2025 dans le département de Toulepleu, remportée par la ministre d’État Anne Désirée Ouloto, a définitivement scellé le choix des électeurs.
Pourtant, plusieurs jours après la proclamation officielle des résultats, le scrutin continue de susciter de vives discussions, moins en raison de son issue que de l’attitude adoptée par l’un des principaux acteurs de cette compétition électorale : Denis Bah Kah Zion, maire de Toulepleu.
Dans un premier temps, l’ancien candidat avait opté pour une posture qui avait surpris autant qu’elle avait été saluée. À huis clos, loin des caméras et des déclarations tapageuses, Denis Kah Zion avait adressé un message de félicitations à la candidate victorieuse, reconnaissant le caractère net et incontestable de sa victoire. Pour de nombreux observateurs, ce geste traduisait une reconnaissance du verdict des urnes et laissait espérer une sortie par le haut, conforme aux exigences de la maturité démocratique.
Mais cet épisode n’aura été qu’un court instant dans une séquence post-électorale rapidement dominée par la polémique. Quelques jours plus tard, Le Nouveau Réveil publiait en une une accusation lourde de sens, évoquant un supposé « braquage électoral » dans plusieurs localités du Cavally, dont Toulepleu, Guiglo, Taï et Bloléquin. La victoire d’Anne Désirée Ouloto, ainsi que celle d’autres élus du RHDP, y était présentée comme le fruit de manœuvres frauduleuses.
Ce revirement spectaculaire a immédiatement relancé le débat sur la cohérence du discours de Denis Kah Zion. Pour ses détracteurs, cette posture illustre une difficulté récurrente à accepter l’échec électoral, une attitude que beaucoup assimilent au réflexe classique des candidats malheureux. L’étonnement ne réside pas tant dans la contestation elle-même que dans le contraste saisissant entre les félicitations privées d’hier et les accusations publiques d’aujourd’hui, perçues comme l’expression d’une mauvaise foi politique assumée.
Au-delà de la controverse, plusieurs analystes invitent à replacer cette élection dans une dynamique plus profonde. La victoire d’Anne Désirée Ouloto ne serait pas un simple accident de calendrier électoral, mais l’aboutissement d’un travail politique constant mené depuis plus d’une décennie. Dans le Cavally et au-delà, de nombreux cadres et élus locaux sont présentés comme issus de ce que certains qualifient désormais d’« école politique Anne Ouloto », fondée sur l’encadrement, la formation et la promotion progressive des talents locaux.
Des responsables politiques de Guiglo, Taï, Bloléquin ou encore Zoukougbeu sont régulièrement cités comme les bénéficiaires de cet accompagnement politique entamé dès 2011. Pour les soutiens de la ministre, cette stratégie explique la solidité de son ancrage électoral et la confiance durable que lui accordent les populations. Dans la région, nombreux sont ceux qui affirment que le débat n’a jamais réellement porté sur l’identité de la gagnante, mais plutôt sur l’ampleur du score qu’elle réaliserait.
C’est pourquoi les accusations de fraude relayées par Le Nouveau Réveil ont surpris une grande partie des populations du Cavally, qui disent avoir suivi de près la campagne et les efforts déployés par l’équipe de la ministre. Pour elles, l’issue du scrutin ne faisait guère de doute, tant la mobilisation autour de la candidate semblait évidente sur le terrain.
Dans ce contexte, certains acteurs politiques n’ont pas manqué d’établir une comparaison avec d’autres comportements observés après ces mêmes élections. À Taï, le député sortant Gnonkonté Désiré a ainsi donné l’exemple d’une transition apaisée, en félicitant son successeur Bayala Hyppolite et en le recevant chez lui pour un passage de témoin empreint d’élégance et de responsabilité, au nom de l’intérêt des populations.
Un contraste qui alimente davantage les critiques adressées à Denis Kah Zion. Pour ses détracteurs, le maire de Toulepleu semble s’enfermer dans une posture de contestation permanente, multipliant les attaques contre la ministre d’État Anne Désirée Ouloto, dont l’action est pourtant saluée par de nombreux habitants pour son impact sur l’amélioration du quotidien. Ils lui reprochent également une relative inertie face aux difficultés locales, tout en s’en prenant à ceux qui tentent d’apporter des solutions concrètes.
Ainsi, à Toulepleu, le débat dépasse désormais le simple cadre d’une élection législative. Il met en lumière deux visions opposées de l’engagement politique après les urnes : celle de l’acceptation du verdict populaire et de la continuité de l’action publique, et celle d’une contestation médiatique persistante. Entre constance politique et controverse assumée, la séquence post-électorale du 27 décembre 2025 continue de façonner le paysage politique local et d’alimenter les discussions au sein de l’opinion.
Jean Chresus, Abidjan
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