Destruction d'une mosquée

Un conflit a éclaté ce week-end à Yorobodi, village situé à environ 17 kilomètres de Sandegué, dans la région du Gontougo, occasionnant la mort de deux personnes dont une par balle.

La scène a eu lieu le samedi 30 mai 2020, comme rapporté par un fils du village sur les réseaux sociaux qui affirme que la reconstruction ou la réhabilitation de la grande mosquée du village serait à l'origine de ce conflit sanglant.

Les faits :

Selon lui, face à la dégradation de la grande mosquée du village, l'opérateur économique d’Agnibilekro, Ali Ouattara s’est proposé d’exécuter des travaux d’extension de l’édifice.

Bien que sa proposition a été favorablement accueillie par les villages qui rêvaient d’avoir une mosquée digne de ce nom, deux camps vont malheureusement se formés par la suite.

D’un côté ceux qui souhaitaient la destruction totale de l’ancienne mosquée, puis la reconstruction d'une nouvelle. L'autre camp avec à sa tête le Moufty Cheick Mounirou va s'opposer à cette option et proposer l'extension et la réhabilitation de la grande mosquée parce qu'il veut préserver les minarets qui seraient des œuvres ancestrales.

La proposition du Cheick Mounirou sera combattue par l'autre camp sous prétexte que ce guide rėligieux aurait dissimilé des fétiches dans la mosquée qui le rende célèbre dans la région du Gontougo.

Plusieurs médiations ont été faites par les représentants des 36 villages du canton Baribô en vue de rapprocher les deux parties. A la veille des affrontements, le vendredi 29 mai 2020, des éléments de la gendarmerie et des responsables de la Sous-préfecture auraient intervenu pour tenter de réconcilier les deux parties.

Apparemment cette médiation n'aurait rien donné puisque dans la soirée, un convoi de deux véhicules Massa bondés de jeunes surexcités vont faire irruption dans le village et s'attaqueront au chantier de la mosquée et réduiront en gravats.

En plus de la destruction de l'édifice religieux, ces jeunes qui seraient venus d'Abidjan, malgré le confinement de la capital économique ivoirienne saccageront la villa de l’homme de main du Moufty de Yorobodi, Cheick Djabir Samaraly ainsi que celle du chef de sa sécurité «petit Karim » qui sera complètement détruite.

Ils se sont ensuite rendus à la résidence de Cheick Mounirou qui a été épargnée grâce à l'opposition de son chef de protocole, El Hadj Toha Ouattara qui est également son jeune frère. Cheick Mounirou Ouattara et sa famille ont été exfiltrés par la gendarmerie et ils seraient réfugiés dans la ville de Bondoukou.

Par ailleurs parmi les deux victimes qui ont trouvé la mort dans les affrontements, figurait un « étranger" qui a reçu des balles et a trouvé la mort lors de son évacuation à Sanguéhi, village situé à un kilomètre de Yorobodi.

Depuis samedi soir après les affrontements meurtriers, des éléments de la brigade de la gendarmerie de Sandégué ont été déployés dans le village de Yorobodi en vue d'établir l’ordre et sécuriser la résidence du Cheick Mounirou Ouattara et un couvre-feu a instauré à 20 heures, car les jeunes projetaient incendier les domiciles du Moufty et de s'en prendre à ses épouses et ses enfants.

Ce fils de Yorobodi a également affirmé que Cheick Mounirou Ouattara est victime d'un conflit de succession.

«Depuis bien longtemps une catégorie de personne trouve que le Cheick Mounirou Ouattara qui est un guide spirituel et prédicateur devrait céder la place à d'autres car, selon eux, son étoile les empêcherait d'évoluer jusqu'au jour où le fermier Ali Ouattara lui proposa en guise de cadeau, la réhabilitation de la mosquée de Yorobodi. » 

Il précise enfin que lors de la démolition de la mosquée aucun fétiche n'a été découvert sauf, le tabouret traditionnel que les imams utilisent le jour de Tabaski et fête de Ramadan pour le sermon, car la prière se fait hors de la moquée et l'imam doit être vu de loin par ses fidèles .

Wassimagnon