Côte d'Ivoire : Bangolo, conflit au village de Gloplou-Zibiao, l'investiture du chef vire à l'affrontement
Un blessé des affrontements (Ph KOACI)
Le calme apparent qui régnait dans le village de Gloplou-Zibiao, situé dans le département de Bangolo, a volé en éclats ce samedi 7 décembre 2024. Ce jour-là, l’investiture officielle du chef du village, événement censé sceller l’unité de la communauté, a dégénéré en une bataille rangée entre partisans et opposants, laissant derrière elle un tableau chaotique.
Tout semblait prêt pour accueillir cette cérémonie symbolique, qui devait consacrer officiellement Traha Séoulou comme chef du village. La présence annoncée du ministre délégué Serey Doh Célestin et de plusieurs autres autorités laissait présager une journée historique. Cependant, sous la surface, des tensions larvées s’agitaient, conséquence d’un désaccord profond qui remonte à 2022, lors de la désignation de Traha Séoulou après le décès du précédent chef, Guehé Mahan Joseph dit Mahan Paya.
À cette époque, le choix de Traha Séoulou, un préfet à la retraite, avait été entériné par un arrêté préfectoral signé par cherif ibrahim, alors préfet du département. Mais une partie des habitants avait refusé de reconnaître cette désignation, dénonçant un processus jugé inéquitable. Depuis lors, ce désaccord n’a cessé de se creuser, divisant le village en deux camps irréconciliables : les fidèles au chef désigné et les dissidents farouchement opposés à son autorité.
Malgré les appels à la négociation et les tentatives de médiation, la méfiance et l’amertume ont persisté. L’organisation de l’investiture a alors été perçue par les opposants comme une provocation. Dès les premières heures du samedi, l’atmosphère s’est tendue. Des altercations verbales ont rapidement dégénéré en violences physiques, transformant la place publique en un véritable champ de bataille. Les témoignages parlent de jets de pierres, de coups échangés, et de scènes de panique qui se sont propagées dans tout le village. Plusieurs blessés graves ont été signalés, certains ensanglantés, nécessitant des soins d’urgence.
Face à cette escalade, le préfet du département de Bangolo a pris la décision d’annuler la cérémonie pour éviter une aggravation de la situation.
L’incident met en lumière un conflit communautaire aux ramifications profondes, où les enjeux d’autorité traditionnelle se heurtent aux aspirations d’une partie de la population. Les blessures laissées par ces affrontements, physiques comme symboliques, risquent de perdurer.
Rétablir la cohésion sociale dans Gloplou-Zibiao nécessitera des efforts redoublés de dialogue et de réconciliation, sous peine de voir ce type d’affrontements se répéter à l’avenir.
Jean Chresus, Abidjan
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