Yaoundé accueille le jubilé d'or de l'Ordre National des Architectes du Cameroun, entre hommages aux pionniers et regard vers l'avenir.

Le Palais des Congrès de Yaoundé a ouvert ses portes ce 5 mai 2025 à la cérémonie du lancement du cinquantenaire de l'Ordre National des Architectes du Cameroun (ONAC). Sous une atmosphère à la fois solennelle et festive, les participants ont pu découvrir des œuvres architecturales réalisées par des professionnels camerounais, témoignant du savoir-faire local et de l'évolution du secteur.

Célébration internationale

L'événement, qui se déroulera jusqu'au 10 mai, réunit des architectes venus de nombreux pays, notamment du Gabon, du Tchad, de France et de la République Démocratique du Congo. Plusieurs membres du gouvernement camerounais étaient présents, ainsi que des représentants diplomatiques, dont l'ambassadeur d'Italie au Cameroun.

Flaure Benie Tchinkou, responsable de la cellule de communication, a retracé les grandes dates historiques de l'ONAC. Créé en 1975 pour promouvoir et réguler la profession d'architecte au Cameroun, l'Ordre trouve ses racines dès 1959, avec le retour de Moukoury Mouelle, premier architecte camerounais formé en France. Celui-ci formule alors le vœu d'une appropriation par les architectes camerounais de la scène architecturale nationale, jusqu'alors dominée par des cabinets étrangers. Rejoint dans son élan par Nsanguè et William Noumbissie, ces trois pionniers constituent le premier tableau de l'Ordre en 1962.

L'histoire de l'ONAC est marquée par différentes phases : 1975-1985 : Période de rayonnement panafricain sous l'impulsion de Nsanguè. 1985-1995 : Décennie qualifiée de « période morte » face à la crise économique. 1995-2005 : Exode de nombreux architectes malgré les améliorations législatives. 2015-2025 : Amélioration notable de la formation professionnelle

L'ONAC en chiffres

À ce jour, l'ONAC compte 663 architectes inscrits depuis 1962, dont 419 en activité. Les femmes représentent 14,50% des effectifs. Le Cameroun dispose de 81 cabinets d'architectes en 2025, et 165 architectes seront honorés lors de ce jubilé d'or.

Le doyen des architectes, Fobi Nchinda, s'est exprimé avec gravité sur les défis actuels et futurs de la profession. S'adressant à la représentante du gouvernement, il a lancé une interpellation forte : « Il y a 50 ans, l'Ordre est né. Est-il vivant ou mort aujourd'hui ? Cela dépend de vous, de votre capacité à répondre aux défis du logement, de l'urbanisation, de l'intelligence artificielle, de l'emploi et de la balance des paiements. »

Jean Christophe Ndongo, président actuel de l'ONAC, a rappelé que l'inscription à l'Ordre est obligatoire pour exercer en tant qu'architecte au Cameroun. « Nous célébrons cinquante années de défis relevés, d'innovations partagées et d'une volonté commune de faire de l'architecture un levier essentiel du développement durable », a-t-il déclaré. Il a également annoncé l'enregistrement de plus d'une centaine de nouveaux membres durant la semaine du cinquantenaire, preuve du dynamisme de la profession.

Partenariat renforcé avec le gouvernement

Moment clé de la cérémonie, la signature d'un accord de partenariat entre le ministère de l'Habitat et l'ONAC représente un engagement commun pour un développement urbain durable et maîtrisé. La ministre Célestine Ketcha Courtes a encouragé l'Ordre à jouer un rôle actif dans les États généraux de la gestion des déchets urbains, prévus le 6 mai à Yaoundé. « Je puis vous assurer que le ministère de l'habitat et du développement urbain se tiendra toujours à vos côtés, pour vous accompagner dans votre vie professionnelle », a-t-elle promis.

Les célébrations qui se poursuivent jusqu'au 10 mai seront ponctuées par une foire exposition, des conférences, des tables rondes, des ateliers et des expositions architecturales. Le tout s'achèvera par une grande soirée de gala et la remise des awards aux architectes méritants.

Ce cinquantenaire vise non seulement à célébrer l'histoire de l'ONAC, mais aussi à sensibiliser le public et les autorités sur l'importance de l'architecture, à discuter des défis actuels et futurs de la profession, et à mettre en lumière les innovations et les nouvelles technologies dans ce domaine essentiel au développement du Cameroun.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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