

Cameroun : Guerre de l'eau et des terres, quand éleveurs et agriculteurs s'affrontent dans un Nord-Ouest déjà meurtri
Le Nord-Ouest camerounais vit un double calvaire. Aux violences séparatistes qui ensanglantent la région depuis sept ans s'ajoutent désormais des conflits intercommunautaires d'une intensité croissante, opposant éleveurs et cultivateurs dans une bataille acharnée pour l'accès aux ressources naturelles.
La région du Nord-Ouest traverse une crise multidimensionnelle sans précédent. Alors que le conflit armé entre forces gouvernementales et groupes séparatistes continue de faire rage depuis 2017, de nouveaux foyers de tension émergent, mettant aux prises communautés d'éleveurs et populations agricoles dans une lutte impitoyable pour la survie économique.
Menaces armées
Les dernières données du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha) révèlent une escalade de ces tensions agropastorales. Selon Ocha, les départements du Menchum et du Donga-Mantung constituent les épicentres de ces confrontations où la violence devient monnaie courante.
L'incident du 14 avril dernier à Bafmeng, dans l'arrondissement de Fungom, département de la Menchum illustre parfaitement cette spirale de violence. Des éleveurs en armes ont directement menacé des agriculteurs locaux, contraignant ces derniers à abandonner précipitamment leurs terres cultivées.
Cercle vicieux
D'un côté, les agriculteurs se trouvent dans l'incapacité de protéger efficacement leurs récoltes contre les troupeaux qui divaguent librement dans leurs champs, détruisant des mois de labeur et compromettant leur sécurité alimentaire. De l'autre, les éleveurs évoluent dans un environnement hostile où l'identification de couloirs de transhumance sécurisés relève du parcours du combattant.
Selon l'analyse onusienne, ces conflits récurrents autour des pâturages et points d'eau s'inscrivent dans une problématique plus large de gestion des terres, aggravée par deux facteurs déterminants : les bouleversements climatiques et la fragilité sécuritaire ambiante.
Les modifications des régimes pluviométriques et la raréfaction progressive des ressources hydriques intensifient la compétition entre usagers, transformant chaque point d'eau en enjeu stratégique potentiellement explosif.
La complexité de cette crise s'accroît avec l'implication d'acteurs transfrontaliers. Les observations précédentes d'OCHA avaient déjà souligné la participation de ressortissants nigérians dans certaines attaques. L'assaut du 18 mars contre le village de Benabingue en constitue un exemple frappant : des éleveurs venus du Nigeria ont semé la désolation, détruisant exploitations agricoles et habitations, forçant environ 180 personnes à quitter leurs foyers.
Cette dimension transfrontalière ajoute une couche supplémentaire de complexité à un conflit déjà multiforme.
Défi humanitaire
Au-delà des enjeux économiques et sécuritaires, cette escalade des tensions agropastorales constitue un défi humanitaire de première importance. Les déplacements forcés de populations, la destruction des moyens de subsistance et l'insécurité alimentaire croissante exigent une réponse coordonnée et durable.
Dans un contexte où la région fait déjà face aux conséquences dramatiques du conflit séparatiste, ces nouveaux conflits intercommunautaires risquent d'aggraver davantage la situation humanitaire et de compromettre les efforts de stabilisation régionale.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com

Infos à la une




Communiqués
Côte d'Ivoire

Côte d'Ivoire

Côte d'Ivoire
