

Cameroun : Présidentielle 2025, « Coalition de l'opposition ? Un mirage ! », Selon Louis Marie Kakdeu
Louis Marie Kakdeu deuxième vice-président du SDF (Ph)
Dans une publication faite sur les réseaux sociaux, le Dr Louis Marie Kakdeu, deuxième vice-président national du SDF, démonte point par point la stratégie de coalition prônée par certains acteurs de l'opposition camerounaise en vue de la présidentielle de 2025.
Dans un contexte politique camerounais où la question de l'union de l'opposition fait débat, une voix discordante s'élève du sein du Social Democratic Front (SDF). Le Dr Louis Marie Kakdeu, deuxième vice-président national du parti historique de l'opposition, vient de publier une analyse sans concession qui remet en cause l'idée même d'une candidature unique de l'opposition pour la présidentielle de 2025.
Diagnostic sans complaisance
Pour ce cadre du SDF, docteur en administration publique, la coalition tant vantée par certains acteurs politiques relève du « mirage » - une illusion séduisante mais trompeuse qui détourne l'attention des véritables enjeux électoraux. « C'est le RDPC qui a intérêt à diffuser largement l'information selon laquelle l'opposition ne peut pas gagner sans coalition », assène-t-il d'emblée, suggérant que ce débat sur l'union profite paradoxalement au parti au pouvoir.
L'analyse de Kakdeu repose sur une arithmétique politique implacable : « Comme en arithmétique, 1+0+0+0+0+0=1. Si vous alignez 20 partis qui n'ont aucun représentant dans les bureaux de vote, alors ça ne sert à rien. » Cette métaphore mathématique démontre sa vision d'une opposition composée en grande partie de formations politiques sans réelle implantation territoriale.
Les vraies priorités, selon le SDF
Loin des débats sur les alliances, le vice-président du SDF identifie trois chantiers prioritaires que l'opposition doit absolument maîtriser pour espérer l'emporter :
Sécurisation du vote : Ceci constitue le premier défi majeur. Selon ses estimations, il faudrait mobiliser environ 30 000 représentants dans les bureaux de vote et 60 000 scrutateurs pour garantir la transparence du scrutin. « Par le passé, le RDPC gagnait parce que l'opposition n'était même pas représentée dans 3% des bureaux de vote », rappelle-t-il, soulignant l'ampleur du défi logistique.
Le taux d'abstention représente le second obstacle. Kakdeu pointe du doigt un paradoxe : « Malgré la fraude, le taux d'abstention a toujours dépassé les 50%. » « Il dénonce les discours défaitistes qui découragent la participation électorale, estimant qu'ils profitent au RDPC. « Si le taux de participation est élevé, alors le RDPC perdra les élections", prophétise-t-il.
La participation aux commissions mixtes d'Elecam constitue le troisième pilier négligé. Le responsable du SDF révèle que la loi prévoit la participation des partis politiques aux commissions chargées de l'inscription sur les listes électorales et de la validation des procès-verbaux. « C'est là où l'on perd définitivement les élections », alerte-t-il, déplorant l'absence récurrente de l'opposition dans ces instances.
Expérience du terrain contre alliances de salon
Fort de l'expérience trentenaire du SDF, Louis Marie Kakdeu revendique une approche pragmatique basée sur l'implantation territoriale plutôt que sur les arrangements politiciens. Il cite l'exemple des trois régions septentrionales où « le taux de participation réel n'a jamais excédé les 10% », démontrant que la prétendue adhésion massive au RDPC dans ces zones relève plutôt de la manipulation des résultats en l'absence de représentants de l'opposition.
« La coalition des zéros ne nous apporte rien. La coalition des partis situés tous à Douala et Yaoundé ne nous avance en rien », tranche-t-il, dénonçant une opposition trop urbaine et déconnectée des réalités territoriales.
Le SDF trace sa voie
Cette prise de position du numéro deux du SDF témoigne de la maturité politique revendiquée par le parti de John Fru Ndi. « Le SDF est mature. Le SDF a acquis l'expérience », martèle Kakdeu, qui assume pleinement le choix d'une stratégie autonome axée sur le renforcement de l'implantation territoriale.
Toutefois, le responsable du SDF n'exclut pas totalement les alliances : « Si la nécessité s'impose, nous nous plions. Mais, on fait d'abord notre devoir. On comble nos faiblesses. » Cette position nuancée laisse la porte ouverte à d'éventuelles coalitions, mais sous conditions.
Un débat qui divise l'opposition
Cette sortie de Louis Marie Kakdeu intervient dans un contexte où plusieurs voix s'élèvent au sein de l'opposition pour promouvoir l'union sacrée face au RDPC au pouvoir. En remettant en cause cette approche, le SDF assume une position iconoclaste qui pourrait redéfinir les équilibres au sein de l'opposition camerounaise.
Reste à savoir si cette analyse, nourrie par trois décennies d'expérience politique, saura convaincre une opposition en quête de renouveau à moins de quatre mois de l'échéance présidentielle de 2025.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com

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