Tiémoko Koné jeudi à Abidjan

La 10ᵉ session du Conseil National de Lutte contre le Sida (CNLS) s’est tenue ce jeudi 17 juillet 2025 à Abidjan, sous la présidence du Vice-Président Koné Meyliet. Une rencontre stratégique, placée sous le signe de la reconnaissance et de la mobilisation, qui a permis d’évaluer les avancées enregistrées tout en identifiant les défis majeurs à relever pour tenir l’engagement d’éliminer le VIH comme menace pour la santé publique d’ici 2030.

En ouvrant les travaux, le ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture Maladie Universelle, Pierre Dimba, a dressé un bilan exhaustif des progrès réalisés, tout en rappelant les engagements pris lors de la 9ᵉ session. Il a salué l’intégration progressive de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) dans le panier de soins de la CMU, un processus garantissant confidentialité et anonymat. À ce jour, environ 140 000 PVVIH – soit un tiers de la population cible – ont été enrôlées, avec un objectif d’atteindre 100 % d’ici la fin de l’année.

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Le ministre a également évoqué la restructuration du Fonds National de Lutte contre le Sida (FNLS), destiné à mobiliser davantage de ressources domestiques. Ce fonds, en cours de réforme, devrait aussi financer d’autres priorités de santé publique comme le paludisme, la tuberculose ou la nutrition. Des pistes de financement innovantes sont à l’étude, notamment des taxes sur les produits nuisibles à la santé (alcool, tabac, bouillons, hydrocarbures), avec un potentiel de 118 à 150 milliards FCFA. 

Pierre Dimba a présenté des indicateurs positifs, mais a appelé à la vigilance. La prévalence du VIH est en baisse, atteignant 1,7 % chez les 15-49 ans (contre 1,82 % en 2022), mais reste préoccupante chez les femmes (2,42 % contre 0,96 % chez les hommes). Les nouvelles infections ont reculé de 10 % en deux ans, et les décès liés au sida ont chuté de 16 %. Depuis 2010, les progrès sont nets : –67 % de nouvelles infections et –75 % de décès.

Les performances liées aux objectifs "3x95" sont encourageantes, 85 % de personnes connaissent leur statut sérologique, 93 % des PVVIH sont sous traitement et 89 % ont une charge virale supprimée.

Mais des points de vigilance subsistent : la transmission mère-enfant, la vulnérabilité des jeunes et des femmes, les fortes prévalences en zones urbaines et agro-industrielles, le faible dépistage chez les hommes, et surtout la baisse des financements extérieurs, avec un déficit estimé à 36 milliards FCFA pour 2025 et 50 milliards FCFA par an dès 2026.

De passage à Abidjan, Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA, a salué les performances de la Côte d’Ivoire :

« Le niveau d’infection a chuté de 66 % depuis 2012 et les décès de 70 %. Votre engagement est une source d’inspiration pour l’Afrique et le monde. »

Décorée Commandeur de l’Ordre du Mérite de Côte d’Ivoire, elle a toutefois alerté sur la crise mondiale du financement : 41 millions de personnes vivent toujours avec le VIH dans le monde, dont 9 millions sans accès aux traitements.

Prenant la parole, le Vice-Président Koné Meyliet a réaffirmé la détermination de l’État à maintenir la lutte contre le VIH/Sida comme priorité présidentielle :

« Sous l’impulsion du Président Alassane Ouattara, la lutte contre le sida est portée au plus haut niveau de l’État. »

Il a également rendu hommage à la Première Dame Dominique Ouattara, Ambassadrice de l’ONUSIDA, pour son engagement constant.

Soulignant l’importance des partenaires techniques, financiers, des organisations communautaires et du secteur privé, le Vice-Président a insisté sur la nécessité de renforcer le financement domestique pour garantir la résilience du système.

Malgré les obstacles – financements incertains, inégalités régionales, nouvelles menaces sanitaires – la Côte d’Ivoire entend maintenir le cap : éliminer le VIH/Sida d’ici 2030. Le chemin reste difficile, mais la volonté politique, les innovations thérapeutiques et l’engagement communautaire semblent plus que jamais réunis.

Wassimagnon