Issa Tchiroma Bakary, ce vendredi à Yaoundé (ph)

Au cours d’une conférence de presse tenue ce vendredi 25 juillet à Yaoundé, Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre, a livré un réquisitoire sans concession contre un système qu'il accuse d'avoir perdu son « éthique républicaine ».

« Je n'ai jamais été prisonnier d'un régime. J'ai été serviteur de l'État », a déclaré avec solennité l'ancien ministre, répondant aux critiques qui lui reprochent sa longue fidélité au pouvoir. Mais c'est avec une émotion palpable qu'il a justifié sa rupture, « Lorsque l'éthique républicaine a disparu et que la dignité du peuple a cessé d'être une priorité, j'ai compris qu'il était temps d'oser la rupture. »

Cette décision, qu'il qualifie d' »acte de conscience » plutôt que de « calcul politique », marque un tournant dans sa carrière. « Je n'ai jamais été sourd à la souffrance du peuple », a-t-il martelé, assumant pleinement les sacrifices liés à sa démission : avantages, privilèges et positions de pouvoir abandonnés pour répondre à « l'appel irrésistible du peuple ».

Bilan

Loin de renier son passé gouvernemental, Tchiroma Bakary a dressé un bilan détaillé de ses réalisations ministérielles. Au ministère des Transports, il revendique la mise en place de nombreux programmes, la liquidation de la SOTUC, la numérisation du permis de conduire et la modernisation des infrastructures portuaires avec la création d'Aéroports du Cameroun (ADC).

Au ministère de la Communication, il rappelle l'organisation des États généraux de la communication et surtout « la libération de l'espace médiatique » qui a permis l'accès officiel des journalistes aux institutions. « Avant que je ne vienne là, il ne vous était pas possible d'aller à l'aéroport ni à la présidence », a-t-il rappelé à l'assistance.

Son passage au ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle a été marqué par une mesure qu’il n’oublie pas : la taxation des travailleurs étrangers. « Nous avons réussi à collecter près de 15 milliards de francs CFA », révèle-t-il, justifiant cette mesure par la nécessité de financer la formation professionnelle des Camerounais.

Vision fédérale

Le programme de Tchiroma Bakary s'articule autour d'axes révolutionnaires pour le Cameroun. Premier engagement choc : un « mandat unique de transition » destiné à « préparer et transférer le pouvoir à une nouvelle génération ». Cette promesse de non-reconduction s'accompagne de la création d'un « gouvernement d'union « incluant opposition, société civile et diaspora.

Sur le plan institutionnel, le candidat propose une refonte complète du système : révision urgente du code électoral avec scrutin présidentiel à deux tours, instauration d'un État fédéral pour une meilleure répartition des pouvoirs, et signature d'une charte d'éthique nationale avec limitation des mandats.

Parti attaqué, une candidature "anti-système"

Face aux accusations de candidature de complaisance, Tchiroma Bakary a contre-attaqué avec véhémence. Évoquant les « attaques constantes » dont fait l'objet son parti politique, il a ironisé sur la création de formations politiques concurrentes « en 24 heures » ou « en 3 jours », y voyant la preuve que sa candidature dérange véritablement le pouvoir en place.

« Comment peut-on créer un parti politique en 24 heures ? Cela démontre clairement que ma candidature n'est en aucun cas une candidature de complicité », a-t-il lancé, défiant ses détracteurs.

Dans sa péroraison, l'ancien ministre a tendu la main à tous les Camerounais : « la jeunesse qui rêve d'un pays digne, la diaspora qui veut investir dans une nation stable, les femmes, piliers de la famille et de la société ».

Son message final résonne comme un cri de rassemblement : « Le moment est venu. Pas seulement pour faire campagne, mais pour écrire l'histoire. Ensemble, reprenons la parole, reprenons le pouvoir et préparons la relève. »

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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