Signature des accords entre les ministres camerounais et tchadien (Ph)

Le Cameroun a renforcé ses partenariats sécuritaires régionaux en signant deux accords de coopération militaire en l'espace de trois semaines, d'abord avec la République centrafricaine (RCA) le 4 septembre 2025, puis avec le Tchad le 23 septembre 2025. Les deux accords ont été signés à Yaoundé sous les instructions directes des chefs d'État respectifs, pour une stratégie de défense coordonnée en Afrique centrale.

Défis sécuritaires persistants

Ces partenariats militaires interviennent alors que l'Afrique centrale fait face à des pressions sécuritaires croissantes qui transcendent les frontières nationales. La région est confrontée au terrorisme et à l'extrémisme violent qui se propagent depuis la bande sahélo-saharienne, aux réseaux de trafics transfrontaliers, aux activités de groupes armés en RCA, et aux mouvements massifs de réfugiés déclenchés par les crises successives.

Le ministre de la Défense Joseph Beti Assomo a souligné lors des deux cérémonies de signature que ces cadres juridiques étaient devenus essentiels au regard des défis sécuritaires persistants dans la sous-région. « Nos forces de défense sont désormais formellement liées par des instruments juridiques qui vont indubitablement davantage se développer et renforcer notre partenariat », a-t-il déclaré lors de la cérémonie de l'accord avec le Tchad.

Coopération avec la RCA

L'accord du 4 septembre avec la RCA s'appuie sur l'implication déjà substantielle du Cameroun dans la stabilisation de son voisin oriental. Le Cameroun contribue activement avec des contingents militaires et policiers à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca), le 11e bataillon camerounais ayant reçu des médailles de l'ONU le 28 août dernier pour leur « engagement exemplaire dans les efforts de stabilisation de la RCA ».

Le ministre centrafricain de la Défense, Rameaux-Claude Bireau, a salué les relations bilatérales comme étant « sous le signe de la solidarité et de la sécurité partagée », exprimant la gratitude de son gouvernement pour le soutien constant du Cameroun dans la reconstruction des capacités de défense de la RCA et la consolidation de la stabilité régionale.

Au-delà de la coopération militaire, le Cameroun sert de pays d'accueil majeur pour les réfugiés. Selon les données du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) du 31 août 2025, le Cameroun abrite 408 814 réfugiés, dont 278 656 originaires de RCA—le contingent le plus important, suivi par 126 636 Nigérians et 1 830 Tchadiens.

Partenariat avec le Tchad

L'accord avec le Tchad, signé par le ministre Beti Assomo et son homologue tchadien le général Issakha Mallloua Djamouss, fournit un cadre juridique à une collaboration militaire de longue date entre les deux armées. Ce partenariat est particulièrement crucial compte tenu des quelque 1 100 kilomètres de frontière commune et des menaces partagées incluant le terrorisme, l'insécurité, la transhumance armée interétatique et les trafics illicites.

L'accord permet un partage renforcé d'informations sensibles, des opérations conjointes sur le terrain et des réponses coordonnées aux menaces transfrontalières, avec un accent particulier sur la lutte contre les activités de Boko Haram qui affectent les deux nations.

Cette formalisation fait suite à un travail préparatoire approfondi remontant à octobre 2023, lorsque les délégations des deux pays s'étaient réunies à Yaoundé pour définir des stratégies communes et avaient établi un groupe de travail mixte pour résoudre les questions frontalières.

Sécurité régionale

Ces accords représentent un renforcement de la coopération militaire entre ces différents pays voisins de l'Afrique centrale. Le calendrier de ces deux accords—signés à quelques semaines d'intervalle—démontre l'urgence avec laquelle les dirigeants régionaux abordent les préoccupations sécuritaires partagées.

Ces partenariats positionnent le Cameroun comme une force stabilisatrice clé en Afrique centrale, tirant parti de ses capacités militaires et de son influence diplomatique pour favoriser une coopération sécuritaire accrue dans la sous-région. Alors que les activités terroristes continuent de menacer la stabilité régionale et que les crimes transfrontaliers prolifèrent, ces accords de défense formels fournissent des cadres juridiques et opérationnels essentiels pour des réponses coordonnées aux défis sécuritaires émergents.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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