Côte d'Ivoire : Campagne pour les législatives 2025, quand les promesses des candidats trahissent le rôle du député
La campagne électorale pour les élections législatives prévues le 27 décembre prochain en Côte d’Ivoire s’ouvrira officiellement, ce jeudi à minuit sur toute l’étendue du territoire national. Pendant une semaine, les différents candidats en lice sillonneront villes et villages afin de convaincre le maximum d’électeurs de leur accorder leur suffrage.
Comme à chaque période électorale, l’effervescence politique s’installe, portée par les meetings, les caravanes, les visites de proximité et les discours empreints d’espoir. Cependant, cette phase cruciale de la vie démocratique est aussi marquée par des dérives récurrentes, au grand dam des populations.
Dans leur quête effrénée de voix, certains candidats abusent de la crédulité des électeurs en multipliant des promesses qui dépassent largement leurs prérogatives. Il n’est pas rare d’entendre, au détour d’un meeting ou d’une rencontre communautaire, des déclarations telles que :
« Si je suis élu, je construirai un CHU », « Je ferai installer des usines », « Je bitumerai toutes les routes de la localité ».
Autant d’engagements séduisants, mais irréalisables dans le cadre d’un mandat de député. En se substituant parfois aux maires ou à l’exécutif, ces candidats entretiennent une confusion sur le rôle réel du parlementaire.
En réalité, le député est avant tout un législateur. Son rôle principal consiste à voter les lois à l’Assemblée nationale, à contrôler l’action du gouvernement et à porter la voix de sa circonscription dans le débat national. S’il peut défendre des projets et plaider pour le développement de sa localité, il ne dispose ni du budget ni du pouvoir exécutif nécessaires pour réaliser à lui seul de grandes infrastructures.
Cette méconnaissance ou cette instrumentalisation des fonctions parlementaires contribue à fausser le choix des électeurs et à fragiliser la confiance entre élus et populations.
Au-delà des promesses excessives, un autre reproche revient avec insistance : l’abandon des électeurs une fois l’élection passée. Des villages parcourus de long en large durant la campagne ne revoient plus leurs élus pendant toute la durée du mandat. Les rencontres se raréfient, le dialogue s’éteint, et les attentes demeurent insatisfaites.
Cinq ans plus tard, à l’approche d’un nouveau scrutin, certains candidats refont surface, tentant d’« amadouer » les populations à coups de dons financiers et de distributions ponctuelles, communément appelées espèces sonnantes et trébuchantes.
À l’ouverture de cette nouvelle campagne, de nombreuses voix appellent à plus de responsabilité et de pédagogie politique. Les électeurs sont invités à s’informer sur les compétences réelles des députés, tandis que les candidats gagneraient à bâtir des programmes crédibles, axés sur la représentation, le plaidoyer et le contrôle parlementaire.
Dans une démocratie en construction, la qualité du débat électoral reste un enjeu majeur. Le scrutin du 27 décembre sera ainsi un test non seulement pour les candidats, mais aussi pour la maturité politique des électeurs ivoiriens.
Wassimagnon
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