Côte d'Ivoire : Législatives 2025, le WANEP-CI alerte après l'expulsion de ses observateurs lors du dépouillement
Le premier verdict des observateurs nationaux sur les élections législatives du 27 décembre 2025 commence à se préciser. Dans un rapport rendu public le 28 décembre, le Réseau Ouest-Africain pour l’Édification de la Paix en Côte d’Ivoire (WANEP-CI) dresse un bilan contrasté du scrutin : globalement calme et techniquement maîtrisé, mais entaché par des incidents jugés préoccupants, notamment lors des opérations de dépouillement.
Fait le plus marquant du rapport, le WANEP-CI dénonce l’éviction de plusieurs de ses observateurs au moment du dépouillement dans des bureaux de vote situés à Port-Bouët et à Bingerville. Pour le réseau, cette pratique constitue une atteinte grave aux principes de transparence et de crédibilité du processus électoral, alors même que la présence des observateurs vise à renforcer la confiance des citoyens dans les résultats proclamés.
Malgré ces incidents, l’organisation souligne que le scrutin s’est déroulé dans un climat globalement serein sur l’ensemble du territoire. Déployés dans 898 bureaux de vote, les observateurs ont constaté que 95,30 % des bureaux ont fermé à l’heure réglementaire et que la quasi-totalité des électeurs présents à 18 heures a pu exercer son droit de vote.
Les procédures électorales ont été respectées dans la majorité des centres visités, sous un dispositif sécuritaire jugé dissuasif. Le WANEP-CI relève également l’absence quasi totale de propagande partisane à l’intérieur des bureaux de vote, même si quelques représentants de candidats ont été aperçus portant des tee-shirts à l’effigie de leurs leaders.
Sur le plan sociologique, le réseau se félicite de la forte mobilisation des femmes, observée dans près de 89 % des bureaux visités, ainsi que de la présence significative des jeunes, relevée dans plus de 67 % des cas. À l’ouverture des bureaux, femmes et jeunes ont pu voter sans entrave dans 99,33 % des centres observés, un indicateur encourageant en matière d’inclusion électorale.
Le WANEP-CI estime par ailleurs que l’organisation technique du scrutin a été globalement satisfaisante. Le contrôle d’identité des électeurs a été effectif dans 99,44 % des bureaux observés, tandis que le retrait des cartes d’électeurs s’est déroulé sans incident majeur dans 98,89 % des cas.
Toutefois, des manquements aux procédures ont été relevés dans 4,03 % des bureaux, un taux jugé faible mais qui, selon le réseau, mérite une attention particulière afin d’améliorer la qualité des prochains scrutins.
Des incidents graves dans certaines localités
Derrière ce climat relativement apaisé, le WANEP-CI pointe néanmoins des zones de forte tension. Dans la région du Gboklê, des actes de destruction de matériel électoral, des violences contre des agents de la Commission électorale indépendante (CEI) et l’irruption d’individus non identifiés ont conduit à l’interruption du vote dans les localités de Tateville, Michelkro et Sahoua.
À Sassandra et à Divo, des tentatives de perturbation du scrutin et des échauffourées ont également été signalées, avant d’être rapidement maîtrisées par les forces de sécurité.
Autre point d’inquiétude relevé par le WANEP-CI : la faible participation électorale, parfois estimée autour de 30 % dans certaines zones. Le réseau attribue cette désaffection à plusieurs facteurs, notamment la lassitude citoyenne, le retrait ou le boycott de certains partis politiques, la désinformation, les conditions climatiques défavorables et le contexte festif de fin d’année.
En conclusion, le WANEP-CI estime que si les incidents critiques restent minoritaires, ils ne doivent en aucun cas être banalisés. Pour l’organisation, la paix électorale est un processus continu et la démocratie ivoirienne doit encore faire des efforts pour rassurer durablement les citoyens et renforcer leur participation aux échéances électorales futures.
Wassimagnon
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