Vigiles aux aguets et commerçante de "cache nez" à l'entrée d'un centre commercial ce dimanche à Abidjan (ph KOACI)

Comme hier annoncé, des commerces qui rouvrent progressivement leurs portes après une période de fermeture en conséquence de l’entrée dans l’état d’urgence le 23 mars dernier, sont en mode barrière contre le Coronavirus.

C’est également le cas dans les centres commerciaux où l’intensité de la prévention sanitaire est cette semaine montée d’un cran. 

Après la première étape de passage des mains au gel désinfectant qui sonnait véritablement l’alerte aux alentours du 10 mars, suivra la seconde, obligatoire, de leur lavage au savon. Désormais, qui n’a pas son masque n’entre pas.

Nous en avons ce jour fait l’expérience dans la commune abidjanaise de Marcory, principal foyer, avec Cocody, de la Pandémie au Pays.

Volontairement sans masque, tentant de pénétrer dans un centre commercial réputé après nous être lavés les mains, les vigiles aux aguets viendront dans un premier temps stopper notre progression à hauteur des portes automatiques avant de nous avertir quant aux nouvelles règles, puis nous conseiller d’acheter des « caches nez », vendus sur le côté pour 1000 Fcfa, sans quoi il nous faudra rebrousser chemin.

Nous ressortirons chercher nos masques initialement laissés dans notre véhicule.

De retour face aux mêmes vigiles après avoir de nouveau passé la case lavage des mains, au savon gentiment présenté par des agents aussi bien aimables et dévoués que suants malgré-eux sous la fournaise du dehors en plein soleil, nous leur ferons remarquer à notre tour que, certes le nez doit être confiné pour rempart contre le Coronavirus, mais pas que.

En effet, nous leur expliquerons qu’il figure avec la bouche comme l’une des deux voies d’entrées dans notre organisme et de sorties de ce dernier, du covid-19 et donc qu’il est nécessaire de porter un masque qui les recouvre tous les deux plutôt qu’un « cache nez ».

Recadrés, ils nous remercieront pour l’explication fournie réjouissant notre sentiment d'avoir au moins servi ce jour, à quelque chose.

Une fois entrés, c’est une ambiance quasi lunaire qui s’offrira à nous. Des hommes et des femmes masqués, certains plus que d’autres en fonction d’une capacité à le porter pour ne pas dire, à le supporter, en permanence entre confort et gènes maniaques, déambulant dans les rayons sans se regarder.

L’effet du port du masque ouvre sur un constat d’indifférence physique d’attention à l’autre, comme si on ne se regardait plus.

Serait-ce le fait de ne plus percevoir l’autre par la diminution de son exposition expressive ? En tout cas, situation peu habituelle au Pays qui plonge l’ensemble dans une espèce de fadeur humaine qu’on souhaite utilement passagère.

Enfin, et pour rappel, alors que pour l'heure le Pays s'en sort plutôt bien avec un bilan de contamination et de guérison encourageant et un faible taux de décès des contaminés de 0,9%, le 9 avril dernier, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, le Conseil Nationale de Sécurité (CNS) décrétait, entre autres, l’obligation du port du masque jusqu'à nouvel ordre dans le Grand Abidjan (voir article associé, ndlr).

Amy Touré