Le défi de l’emploi des jeunes, notamment des diplômés de l’enseignement supérieur, s’est imposé comme une priorité nationale. Face à un marché du travail qui n’offre qu’environ 8 000 postes de cadres pour plus de 40 000 diplômés chaque année, le gouvernement ivoirien multiplie les initiatives pour inverser la tendance.

C’est dans cette dynamique qu’a été lancée, ce jeudi 8 mai 2025 à Treichville, la deuxième édition des Journées de l’Étudiant et de l’Entreprise (JEE), un rendez-vous devenu stratégique dans la lutte contre le chômage des jeunes diplômés.

Présidée par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le professeur Adama Diawara, la cérémonie d’ouverture a rassemblé plusieurs membres du gouvernement, des représentants du secteur privé, des partenaires techniques et financiers, ainsi que des centaines d’étudiants venus de diverses institutions universitaires.

À travers cette initiative, les autorités ambitionnent de bâtir un pont durable entre les universités et le monde de l’entreprise.

Le thème de cette édition — « Entrepreneuriat étudiant en Côte d’Ivoire : défis et opportunités pour une insertion professionnelle des apprenants de l’enseignement supérieur » — reflète un enjeu capital : transformer le capital humain en levier de croissance économique.

Selon le professeur Djakaridja Coulibaly, directeur général de l’Observatoire de l’Insertion Professionnelle des Diplômés de l’Enseignement Supérieur (OIPDES), ces journées constituent une réponse concrète et structurelle au problème de l’employabilité.

« L’insertion professionnelle ne peut être perçue comme une réalité isolée, mais comme un processus stratégique nécessitant la pleine collaboration entre l’État, le monde académique et le secteur privé », a-t-il souligné, appelant à une mobilisation collective.

Les JEE 2025 proposent ainsi un programme riche articulé autour de panels sur l’entrepreneuriat, l’usage de l’intelligence artificielle dans la création de start-up, le financement de projets entrepreneuriaux, ainsi que des ateliers de formation sur les techniques de rédaction de business plans et de préparation aux entretiens d’embauche. L’objectif est clair : doter les étudiants d’outils pratiques pour affronter le marché du travail.

Prenant la parole au nom du ministre du Commerce et des PME, Dr Sylver Konan, Directeur de cabinet, a salué la forte mobilisation autour de l’événement, qu’il qualifie de levier essentiel de transformation sociale. Il a insisté sur la nécessité de valoriser les compétences locales et de développer des partenariats solides pour créer un écosystème favorable à l’innovation et à l’auto-emploi.

« La jeunesse ivoirienne représente notre plus grande richesse. Pour que ce potentiel devienne un atout économique, il nous faut transformer le dividende démographique en dividende économique », a-t-il déclaré, non sans souligner l’importance du Statut National de l’Étudiant-Entrepreneur, promu à travers les JEE.

Les ministères, notamment ceux de l’Éducation nationale, des Transports, de l’Industrie, de la Jeunesse, de la Formation professionnelle, ainsi que le secteur privé, ont tous affiché leur soutien à cette initiative. Un signal fort en faveur de l’approche transversale prônée par le gouvernement.

Le professeur Adama Diawara, dans son allocution, a relevé les efforts consentis pour réduire l’écart entre formation et emploi. Il a reconnu l’existence d’une inadéquation, aussi bien qualitative que quantitative, entre les cursus proposés et les besoins du marché.

« Il faut réguler les flux d’entrée et renforcer la sélection aux différentes étapes du parcours universitaire. Mais au-delà, nous devons promouvoir une formation orientée vers les besoins réels de l’économie », a-t-il affirmé.

Parmi les réformes mises en œuvre figurent la création d’une plateforme numérique de l’OIPDES pour connecter les diplômés aux entreprises, la promotion du statut d’étudiant-entrepreneur, ainsi que le projet de mise en place d’un fonds de soutien aux initiatives étudiantes, en collaboration avec le ministère de la Jeunesse.

Le ton est donné. L’insertion professionnelle des jeunes ne relève plus du simple vœu politique, mais d’une stratégie structurée, portée par une synergie d’actions entre l’État, les établissements de formation et le secteur privé. Les JEE s’imposent désormais comme un catalyseur d’opportunités, avec l’ambition de transformer chaque jeune diplômé en acteur de sa propre employabilité.

Ces journées prendront fin le samedi 10 mai. Elles constituent, selon les organisateurs, une étape décisive vers une Côte d’Ivoire où le diplôme devient un passeport vers l’emploi ou l’entrepreneuriat, et non un facteur de frustration.

Wassimagnon