Goodluck Jonathan (ph)

L’ancien Président du Nigeria, Goodluck Jonathan, a révélé que son prédécesseur, Umar Musa Yar’Adua, avait souhaité lui confier la gestion des affaires du pays pendant sa maladie et son absence, mais qu’un conseiller avait refusé de transmettre la lettre à l’Assemblée nationale, une situation qui a alimenté la crise constitutionnelle et les craintes d’un éventuel coup d’État.

Goodluck fait cette révélation le 28 juin dernier lorsqu’il parlait de ses mémoires « My Transition Hours » lors d'une interview accordée au Rainbow Book Club, Les faits rappelés se sont produits lorsque le Président Yar’Adua, un musulman du Nord, était tombé gravement malade durant son mandat. Yar’Adua est décédé le0 5 mai 2010, alors qu’il était en fonction. Goodluck Jonathan, alors Vice-président et chrétien du sud, avait pris la relève mais après des tractations.

Rétention de la lettre de passation de service

Selon Goodluck, son chef Yar’Adua a écrit une lettre à l’Assemblée nationale pour faciliter le transfert du pouvoir au Vice-président, mais cette lettre n’a pas été remise par un proche collaborateur du Président à qui la lette avait été remise. Il a rappelé que la Constitution stipule que pour que le Vice-président puisse agir, le Président devait envoyer une lettre au Sénat et à l’Assemblée nationale pour les en informer.

Concernant la lettre de passation de service qui a été retenue par un tiers a la présidence, Goodluck a d’abord confirmé que cette lettre a bien été rédigée avant de faire savoir que « je ne vous dirai pas son nom maintenant ».

Sur le déclin de la santé de son chef, il a dévoilé que « Yar’Adua est tombé si malade qu’il n’avait plus aucun contrôle sur la situation » et a poursuivi que la situation était telle que le Président n'était pas disponible, que le pays n'avait pas de Président par intérim.

Vide constitutionnel, succession constitutionnelle éprouvée

Goodluck a rappelé comment le pays s'est retrouvé plongé dans un vide constitutionnel jusqu'à ce que l'Assemblée nationale invoque la doctrine de nécessité, lui permettant d'exercer les fonctions de Président en l'absence de communication officielle.

Tout en explant qu’il n'y a pas eu de passation de pouvoir officielle, notamment en tant que Commandant en chef des forces armées, le successeur constitutionnel de Yar’Adua a déclaré que la situation a conduit l'Assemblée nationale à invoquer la « doctrine de nécessité », qui l'autorisait officiellement à exercer les fonctions de Président de la République sans une lettre officielle de Yar'Adua.

Rumeur de coup d'État

Des dessous de cette affaire du refus de passation de charge, l'ancien dirigeant nigérian a affirmé que des complots visaient à l'expulser de la Villa présidentielle afin d'empêcher le Sud de succéder à Yar'Adua. De ce fait, il souligné que le pays était alors tendu en raison du « clivage Nord-Sud, chrétiens-musulmans ». « J'entendais parler d'un coup d'État tous les jours ».

Il a révélé qu'un jour, alors que Yar'Adua était à l'étranger suite à la détérioration de son état de santé, des amis lui avaient conseillé de quitter la villa présidentielle pour sa sécurité. En repose à cette proposition Goodluck a opposé un refus et a soutenu que « Je resterai au palais présidentiel. Si quelqu'un veut me tuer, il vaut mieux que ce soit au palais présidentiel, afin que les nigérians sachent qu'ils m'ont assassiné au palais présidentiel. Ils sauront que je n'ai commis aucun délit ».

Après le décès de Yar'Adua en mai 2010, Goodluck a terminé son mandat avant de remporter l'élection présidentielle de 2011. Pour l’avenir, Goodluck Jonathan a demandé aux jeunes nigérians de privilégier la compétence plutôt que la religion et la tribu dans le choix de leurs dirigeants.

Mensah,

Correspondant permanent de KOACI au Ghana, Togo et Nigeria

- Joindre la rédaction de koaci.com (+228) 98 95 28 38 ou koaci.ghana@gmail.com –