Deux mois après l’incendie dévastateur qui a réduit en cendres le marché « Petit Lomé », cœur battant du commerce populaire d’Adjamé, les commerçants sinistrés ont tenu ce mercredi une conférence de presse sur le site même du drame. À travers des propos forts et unis, ils ont exprimé leur détresse, formulé des doléances concrètes et lancé un cri du cœur aux autorités ivoiriennes.

C’est une voix collective, portée notamment par Chérif Binaté et Tenin Pillah Touré, qui s’est élevée ce matin devant la presse, les partenaires économiques et les riverains solidaires. Près de 1000 commerçants, vendeurs et travailleurs du marché ont vu leur quotidien basculer depuis le 15 mai 2025, date à laquelle un incendie a ravagé le marché de Petit Lomé, réduisant à néant des années d’efforts et de sacrifices.

« En une nuit, tout ce que nous avions construit a disparu dans les flammes. Ce marché, c’était notre gagne-pain, notre identité, l’école de nos enfants, les médicaments de nos parents », a souligné Chérif Binaté avec émotion.

Depuis, les victimes de ce sinistre vivent sans activité, sans revenu, mais avec des charges qui persistent : loyers, crédits, soins médicaux, scolarité des enfants. Les conséquences sociales s’aggravent de jour en jour, poussant certaines familles dans la précarité extrême.

Face à cette situation, les commerçants ont formulé trois doléances majeures, la reconstruction urgente du marché Petit Lomé, afin de relancer rapidement l’activité économique locale, la mise en place de sites provisoires sécurisés et accessibles pour relocaliser temporairement les commerçants pendant les travaux et un accompagnement social ciblé, notamment pour les familles vulnérables, les femmes seules, les enfants et les personnes âgées.

« La souffrance est silencieuse, mais elle est réelle. Nous avons besoin de décisions concrètes », a insisté Binaté.

Tenin Pillah Touré a, pour sa part, insisté sur l’urgence de la situation. À l’approche de la rentrée scolaire et des fêtes de fin d’année, deux périodes capitales pour l’économie commerçante, l’inactivité prolongée serait catastrophique.

« Nous devons être opérationnels d’ici septembre. Attendre plus longtemps, c’est compromettre irrémédiablement notre avenir », a-t-elle alerté.

Les commerçants ont ainsi lancé un appel solennel au Président de la République, au Premier Ministre, aux ministères concernés, au Gouverneur du District d’Abidjan, au Maire d’Adjamé, aux ONG et aux bailleurs internationaux. Ils demandent des actes concrets pour éviter un effondrement de ce pan vital de l’économie locale.

"Gouvernement de Côte d'Ivoire construisez nous un marché moderne". "M. Le PCA de la FENACCI Farikou Soumahoro, nous voulons vendre", "M.Bacongo, les commerçants de Petit Lomé vous appelle au secours ", "Papa Mambé, les commerçants de Petit Lomé veulent travailler ", "Papa ADO aidez nous à construire notre marché ", lit-on sur les banderoles. 

Malgré l’épreuve, les commerçants sinistrés affichent une volonté forte de rebondir, en appelant à faire de cette tragédie une opportunité de renouveau.

« Nous ne tendons pas la main pour mendier. Nous voulons travailler, participer au développement de notre pays. Nous sommes prêts à collaborer pour reconstruire un marché moderne, sécurisé, respectueux de l’environnement », ont-ils affirmé avec détermination.

Reconnaissants des élans de solidarité exprimés jusqu’ici — notamment par la Présidente du Sénat Kandia Camara, les autorités locales, et les populations d’Abidjan, les commerçants de Petit Lomé attendent désormais un passage à l’action. Ils appellent chacun à tendre la main pour faire renaître ce lieu de vie, d’échange et de dignité.

« Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire et tous ceux qui tendront la main aux sinistrés de Petit Lomé. Ensemble, faisons renaître l’espoir », ont-ils conclu, unis et debout.

Wassimagnon