Côte d'Ivoire : Bangolo, tragédie mystique, un jeune artiste tué dans un accident de moto, sa tante avoue l'avoir livré en sorcellerie
Image de l'artiste et des présumés tueurs (Ph Koaci)
La scène s’est déroulée dans le village de Yabligué, dans la sous-préfecture de Bangolo, à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Ce qui devait être une simple cérémonie funéraire s’est rapidement transformé en un véritable drame mystico-social, laissant toute les populations sous le choc.
Belier Blanc Mevafin Diomandé, un jeune artiste ivoirien bourré de talent et promis à un bel avenir, est décédé tragiquement dans un accident de moto à N'Douci au milieu du mois de juin dernier.
Un accident banal, diront certains. Mais dans certaines coutumes ivoiriennes, rien n’est jamais totalement banal, surtout quand les morts décident de parler.
Le jour de son enterrement à Bangolo, en fin de semaine dernière, alors que le cortège se dirigeait vers sa dernière demeure, un fait troublant est survenu. À quelques pas de la fosse, le cercueil a subitement fait demi-tour, comme mû par une force invisible, et a violemment percuté quatre vieillards présents sur les lieux. Pour les initiés, il n’y avait pas de doute : le défunt venait de désigner ses bourreaux.
Pris de panique et sous la pression de la foule, les sages du village ont immédiatement suspendu l’inhumation. L’après-midi même, une audience s’est tenue sous l’arbre à palabres. Les quatre vieillards concernés ont été contraints de s’expliquer devant les chefs, les notables et toute une population en émoi. Ce qui devait être une simple enquête coutumière s’est rapidement transformé en une séance de révélations terrifiantes.
Deux des vieux, visiblement acculés, ont fini par admettre leur appartenance à une confrérie occulte. Oui, ils sont sorciers. Non, ils ne l’ont pas tué, disent-ils. Mais ils ont assisté, en silence, à son exécution mystique. C’est alors qu’une vieille femme du groupe, tante maternelle du défunt, a pris la parole. Et ses mots ont glacé le sang de plus d’un.
Selon ses propres aveux, elle aurait élevé Belier Blanc Diomandé depuis l’âge de 7 ans, après la mort de sa mère. Mais derrière cette éducation se cachait une dette ténébreuse. Elle avait contracté un "crédit en sorcellerie", c’est-à-dire qu’elle avait mangé un proche d’un autre membre de la confrérie et se devait de rembourser en livrant, à son tour, un membre de sa propre famille.
D’abord sommée de livrer son propre fils, instituteur de métier, elle a préféré sacrifier son neveu, ce jeune artiste qu’elle avait pourtant élevé comme son fils. Une trahison d’autant plus atroce qu’elle savait que son geste ne ferait que retarder l’inévitable : un jour, elle devra livrer son propre enfant, à moins que la mort ne la précède ou que son fils ne se tourne définitivement vers Dieu pour briser les chaînes invisibles de cette malédiction.
La population, médusée, a écouté ces aveux sans voix. Des pleurs, des cris, et un sentiment profond d’impuissance ont envahi l’assemblée. Car dans cette partie du pays, beaucoup savent que les réalités mystiques dépassent la simple logique. Aujourd’hui, c’est Belier Blanc qui est tombé. Demain, qui sera le prochain ? Un simple accident, une chute, une maladie subite… Et on parle d’imprudence, de hasard, alors que dans l’ombre, des pactes sont conclus, des vies sont troquées comme de simples dettes à solder.
Dans cette Côte d’Ivoire qui avance à grands pas vers la modernité, ces drames nous rappellent avec brutalité que certaines forces continuent de dicter leur loi dans les zones rurales. Des vies sont offertes, sacrifiées, sans pitié, au nom de serments occultes que même le lien du sang ne peut épargner.
Ce drame à Bangolo n’est pas qu’une affaire de village. C’est un signal d’alarme pour toute une nation. La jeunesse, même brillante, n’est pas à l’abri des ténèbres que dissimule parfois la tendresse d’un parent, ou le silence d’un aîné.
Jean Chresus, Abidjan
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