Cameroun : Présidentielle 2025, Maurice Kamto dénonce un « complot orchestré » après son exclusion définitive
Deux jours après le rejet définitif de son recours par le Conseil constitutionnel, le leader du MRC accuse le régime et la communauté internationale d'avoir organisé son éviction du scrutin d'octobre.
Dans une déclaration vidéo diffusée jeudi 7 août 2025 sur sa page Facebook, Maurice Kamto a violemment dénoncé ce qu'il considère comme une manœuvre délibérée du régime de Yaoundé pour l'empêcher de participer à l'élection présidentielle d'octobre prochain.
Le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) réagissait ainsi à la décision du Conseil constitutionnel qui, mardi 5 août, avait définitivement confirmé l'invalidation de sa candidature pour « pluralité d'investiture », ne retenant que 12 candidatures sur les 83 initialement déposées.
Stratégie « de longue date »
« La décision de m'écarter de l'élection présidentielle de 2025 a été prise de longue date par le régime RDPC », affirme Maurice Kamto, opposant à Paul Biya et crédité de plus de 14% des voix lors du scrutin de 2018. L'ancien candidat accuse le pouvoir de Yaoundé d'avoir « sciemment orchestré » son exclusion en « fabriquant un faux président du Manidem » et « une fausse seconde candidature » pour créer artificiellement une situation de double investiture.
Sa candidature, présentée sous la bannière du Manidem (Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie), avait été régulièrement déposée avant d'être rejetée le 26 juillet par Élections Cameroon (ELECAM), puis définitivement écartée par la juridiction constitutionnelle après un recours jugé « non fondé ».
L'opposant estime que le boycott par le MRC des élections législatives et municipales de 2020 avait contrarié une stratégie visant à affaiblir son parti. Il dénonce également le report des élections législatives et municipales, initialement prévues en février 2025 et reportées à mars 2026, y voyant une volonté d'empêcher le MRC de disposer d'élus, condition nécessaire selon la loi électorale pour présenter un candidat.
Une partie de l’opinion pense que Maurice Kamto paie le prix fort de sa propre turpitude, ayant délibérément choisi de boycotter le double scrutin de 2020, il ne doit s’en prendre qu’à lui-même.
La communauté internationale également visée
Au-delà des institutions camerounaises, Maurice Kamto s'en prend vivement à la communauté internationale, en particulier à l'ONU. Il l'accuse d'avoir signé un « accord secret » avec ELECAM le 9 mai 2025 pour « prétendument garantir la transparence de l'élection ». « Cette communauté internationale s'est assise sur les valeurs qu'elle prétend défendre », fustige-t-il.
« Le Conseil constitutionnel, la justice, le pouvoir en place à travers le ministère de l'Administration territoriale notamment, qui a été de tous les mauvais coups contre nous, vous ont trahi sans état d'âme », déclare-t-il aux Camerounais.
Son avocat, Me Hippolyte Meli Tiakouang, avait déjà dénoncé un verdict « à 97% politique » lors du rejet du recours.
Remboursement des contributions et appel à la mobilisation
L'ancien candidat a annoncé la clôture de la levée de fonds lancée le 30 janvier 2025 pour sa campagne présidentielle, précisant que des dispositions sont en cours pour rembourser les contributions perçues via les comptes bancaires et les opérateurs de mobile money.
Maurice Kamto a remercié les partis politiques qui avaient soutenu sa candidature, notamment le Front pour le changement au Cameroun (FCC), l'Alliance politique pour le changement (APC), ainsi que le président du Manidem, Anicet Georges Ekane. Il a également exprimé sa reconnaissance aux militants du MRC, qu'il appelle à rester mobilisés.
« Je suis debout et resterai à vos côtés. La lutte continue », a-t-il conclu, sans donner pour l'instant de consigne de vote pour le scrutin du 12 octobre prochain.
Soutiens divisés
Alors que Maurice Kamto maintient sa posture de résistance, ses anciens alliés ne sont pas tous sur la même ligne. Elimbi Lobe, ancien conseiller municipal du Social Democratic Front, a publié un texte sur Facebook critiquant vivement l'ancien candidat, qu'il qualifie de « faux prophète » et de personnalité « toxique ». Il appelle paradoxalement à voter pour le candidat Akere Muna, estimant qu'il faut « tourner la page de Kamto ».
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
Infos à la une
Communiqués
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire
