À quelques jours des élections législatives prévues le samedi 27 décembre 2025, le climat politique se tend dans le département de Béoumi. Un incident survenu le mardi 23 décembre dans le village d’Abayansi a failli dégénérer, lorsque des candidats indépendants ont été empêchés de tenir un meeting de campagne.

L’artiste Antoinette Konan, tête de liste, accompagnée de son colistier Maurice Agoh et de leurs suppléants, conduisait la liste indépendante Entente pour le développement de Béoumi (EDEV).

Selon des sources proches des candidats, leur rassemblement de proximité se déroulait normalement lorsqu’il a été brusquement interrompu par la cheffe du village d’Abayansi, Nanan Wendé Adjoua Hélène.

D’après les témoignages recueillis, l’autorité coutumière aurait déclaré les candidats « persona non grata » dans le village, leur reprochant de ne pas l’avoir informée de leur arrivée, comme le veut la tradition. Une accusation fermement rejetée par le camp des candidats indépendants.

« C’est totalement faux. En tant que natifs du département de Béoumi, nous connaissons parfaitement les usages. Avant notre arrivée, des émissaires ont été envoyés pour informer les autorités compétentes du village. De la boisson a même été offerte, conformément à la tradition », assure une source proche de la liste EDEV.

La même source affirme que la cheffe du village serait intervenue personnellement pour interrompre le meeting.

« Elle est venue nous arracher le micro et nous a ordonné de quitter le village immédiatement. Afin d’éviter tout débordement ou affrontement, nous avons préféré partir », explique-t-elle.

Les candidats indépendants soupçonnent par ailleurs l’autorité coutumière d’être favorable au candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Sidi Tiémoko Touré. Une information qu’il n’a toutefois pas été possible de confirmer ou d’infirmer de manière indépendante.

Cet incident intervient dans un contexte déjà marqué par des accusations de tensions et de pratiques contestées dans la circonscription. Quelques jours plus tôt, des cadres politiques issus notamment des sous-préfectures d’Ando-Kékrénou et de Kondrobo avaient dénoncé des manœuvres d’intimidation et d’achat de conscience des populations.

Me Jean-Chrysostome Blessy, avocat et candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), a ainsi appelé la Commission électorale indépendante (CEI) à se saisir de la situation. 

« Ce qui se passe à Béoumi mérite toute l’attention du président de la CEI, Coulibaly-Kuibiert. Certaines pratiques pourraient porter atteinte à la cohésion sociale et à la sincérité du scrutin du 27 décembre », a-t-il déclaré, évoquant notamment des opérations de recensement des électeurs menées par des partisans du RHDP.

De son côté, le président régional de la CEI se veut rassurant. Il affirme que les faits signalés, et qui auraient déjà été portés à la connaissance du procureur de la République près le tribunal de Bouaké, font l’objet d’une surveillance étroite.

Selon lui, ces incidents ne sont pas, à ce stade, de nature à compromettre la régularité et la sincérité du vote à venir.

À Béoumi, l’attente est désormais tournée vers le scrutin de samedi prochain, dans l’espoir que le calme et l’équité prévalent jusqu’à la proclamation des résultats.

Wassimagnon