L'incriminé

Les plateformes sociales sont devenues le théâtre de nombreuses interactions, parfois intimes, souvent spontanées. Mais l’illusion d’un écran complice peut rapidement se transformer en piège numérique. C’est ce qu’a vécu NAT, jeune internaute pris dans les filets d’une escroquerie aux allures de jeu de séduction.

Tout commence sur Facebook, où NAT entame une conversation avec une jeune femme se présentant comme « géreuse de bizzi », un terme codé pour désigner une travailleuse du sexe. Rapidement, le ton monte en intensité et l’échange bascule sur WhatsApp. Un appel vidéo s’ensuit, au cours duquel la jeune femme apparaît dénudée, engageant NAT dans un moment d’intimité virtuelle. Pris dans l’instant, il se laisse emporter et répond à la provocation.

Mais à la fin de l’appel, le rêve s’effondre. NAT reçoit un message menaçant d’un inconnu affirmant posséder des images compromettantes et réclamant de l’argent pour ne pas les diffuser publiquement. Face à cette tentative de chantage, il prend une décision salutaire : refuser de payer et alerter les autorités en saisissant la Plateforme de Lutte Contre la Cybercriminalité (PLCC).

L’enquête lancée en collaboration avec l’ANSSI aboutit à l’arrestation d’un jeune homme de 19 ans, identifié sous les initiales BEJ. Celui-ci est reconnu comme l’auteur de plusieurs faits similaires, dont celui de Monsieur RRK, ciblé selon le même mode opératoire. Les éléments rassemblés confirment qu’il s’agit d’une escroquerie bien rodée, menée avec méthode.

Déféré devant le parquet, BEJ devra répondre de menaces de publication d’images à caractère sexuel et de tentative d’escroquerie sur internet, des faits punis par la loi relative à la lutte contre la cybercriminalité.

L’affaire rappelle avec force que les relations en ligne, aussi anodines ou séduisantes qu’elles puissent paraître, exigent discernement et prudence. Car dans l’univers du virtuel, la confiance peut coûter cher.

Jean Chresus, Abidjan