

Cameroun : Extrême-Nord, Boko Haram incendie la brigade et le centre de santé de Sagmé, après une attaque meurtrière à Bonderi
Une nouvelle attaque attribuée au groupe terroriste Boko Haram a frappé la localité de Sagmé, dans la nuit du lundi 23 juin 2025. Les assaillants ont incendié la brigade de gendarmerie locale ainsi que le centre de santé, semant une fois de plus la terreur dans cette région frontalière du Lac Tchad.
Selon les premières informations, les deux bâtiments ont été entièrement consumés par les flammes. La brigade de gendarmerie, un édifice neuf récemment offert par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), était heureusement inoccupée au moment de l’attaque. Les gendarmes affectés à ce poste résident en effet à Fotokol, à quelques kilomètres de là. En revanche, les détails concernant d’éventuelles victimes civiles ou les dégâts enregistrés au centre de santé restent pour l’instant inconnus.
Cet acte survient seulement trois jours après une attaque sanglante menée par le même groupe à Bonderi, également dans l’Extrême-Nord. Le bilan de cette incursion, survenue dans la nuit du 20 au 21 juin, est lourd : deux soldats et un civil ont été tués. Les terroristes ont également emporté des armes, incendié le poste militaire et détruit plusieurs véhicules, selon des sources sécuritaires ayant fortement requis l’anonymat.
Stratégie meurtrière bien rodée
« Nos soldats tombent presque toujours dans le piège classique de Boko Haram », témoigne un militaire sous anonymat. « Ils attaquent pour attirer, puis minent la zone pour piéger les renforts. » Une tactique éprouvée qui aurait coûté la vie à plus d’une vingtaine de soldats au cours des trois derniers mois, selon des sources sécuritaires.
À ces pertes humaines s’ajoute un constat inquiétant : le déficit criant de moyens dont souffrent les forces de défense déployées dans la région. « On n’a pas d’armes lourdes, pas assez de munitions. Rien. Ça ne va pas ici », déplore un soldat. Plus grave encore, certaines sources accusent la hiérarchie militaire d’avoir retiré les équipements lourds de la zone quelques heures avant l’attaque de Bonderi.
Lourd silence des autorités
Malgré la gravité des événements, l’État reste silencieux. Aucun communiqué officiel, ni du ministère de la Défense, ni de la Présidence, n’a été émis. Aucun hommage national n’a été rendu aux soldats tombés. Ce mutisme officiel contraste douloureusement avec la détresse des familles endeuillées et le sentiment d’abandon exprimé par les militaires sur le terrain.
« Le pays semble tourner la page avant même d’avoir lu les premières lignes du drame », regrette un observateur proche des milieux militaires.
Depuis le début de l’année, les attaques attribuées à Boko Haram se sont multipliées dans l’Extrême-Nord du Cameroun, en particulier dans les départements frontaliers du Lac Tchad. Le regain d’activité du groupe terroriste, combiné à l’usure des forces locales, fait craindre une intensification des violences dans les mois à venir.
Dans cette région déjà meurtrie par plus d’une décennie de conflit, les récentes attaques à Sagmé et Bonderi témoignent d’une fragilité sécuritaire persistante. Un défi que les autorités camerounaises ne peuvent plus se permettre d’ignorer.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com

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