Côte d'Ivoire : À Abidjan, les femmes du Golfe de Guinée tracent la voie de la paix régionale
Dans un contexte régional de plus en plus instable, plus de cinquante femmes leaders issues de toute l’Afrique de l’Ouest se sont réunies à Abidjan, dans le cadre du Forum régional des femmes pour la paix et la prévention des conflits dans le Golfe de Guinée. Organisé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en partenariat avec le Gouvernement de la République de Côte d’Ivoire, cet événement a rassemblé des représentantes de la société civile, des ambassadrices de la paix, des expertes en gouvernance, ainsi que des institutions telles que la CEDEAO et l’Union africaine.
Placée sous le thème « Femmes du Golfe de Guinée, Ambassadrices de la paix », la rencontre a permis de dresser un état des lieux des menaces sécuritaires croissantes dans la région, d’analyser les défis et d’unir les voix féminines en faveur d’une paix durable et inclusive.
Autrefois considérés comme relativement épargnés, les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest font aujourd’hui face à une recrudescence des violences liées à l’extrémisme violent, au crime organisé, aux conflits intercommunautaires, et aux effets du changement climatique. Le Bénin, le Togo et la Côte d’Ivoire ont tous connu des attaques meurtrières ces dernières années, signe que la crise sahélienne s’étend désormais vers le sud.
Mais au-delà des constats alarmants, le forum a mis en lumière le rôle central des femmes : premières victimes des conflits, mais aussi premières artisanes de paix.
« Les femmes ne sont pas seulement victimes des conflits : elles sont aussi des actrices incontournables de paix, des sentinelles de la stabilité, des architectes de la reconstruction d’un avenir meilleur », a déclaré Madame Nassénéba Touré, Ministre ivoirienne de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, lors de la cérémonie d’ouverture.
La ministre a salué l’engagement du PNUD et des organisations féminines présentes, rappelant que la paix n’est pas un concept abstrait, mais un « chantier quotidien » qui exige mémoire, justice, volonté… et surtout inclusion.
« Le silence des armes commence souvent par le dialogue entre voisines », a-t-elle affirmé, en insistant sur le rôle crucial des femmes dans la prévention des violences électorales, en amont des scrutins prévus dans plusieurs pays de la région.
Faisant écho à Ellen Johnson Sirleaf, première femme présidente d’Afrique, Madame Touré a martelé : « Les femmes ne doivent pas être les victimes silencieuses de la guerre, elles doivent être les architectes visibles de la paix. »
La Côte d’Ivoire, a-t-elle rappelé, a déjà pris des mesures concrètes dans ce sens avec l’adoption d’un Plan d’Action National 2024–2028 pour l’application de la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, qui intègre les enjeux de sécurité transfrontalière, la participation politique des femmes et la prévention des violences basées sur le genre.
Le forum n’était pas qu’un simple espace de dialogue. Il s’est voulu structurant et orienté vers l’action, avec l’annonce de plusieurs livrables majeurs, une note analytique consolidée sur les menaces sécuritaires dans le Golfe de Guinée, avec un focus genre, la création d’un réseau régional de femmes pour la paix, avec un plan d’action commun, une déclaration conjointe d’engagement, signée par l’ensemble des participantes et des recommandations fortes adressées aux États et aux partenaires, pour garantir une meilleure inclusion des femmes dans les politiques de sécurité, de développement et de gouvernance.
Hélène N’Garnim-Ganga, Coordonnatrice résidente des Nations Unies en Côte d’Ivoire, a souligné : « Les femmes sont les premières répondantes aux conflits. Elles préviennent, réparent, reconstruisent. Il est temps que leur contribution soit reconnue, protégée et amplifiée. »
Elle a insisté sur le fait que l’égalité des sexes n’est pas une option morale, mais un impératif stratégique pour la paix.
En rassemblant des femmes venues du Burkina Faso, du Ghana, du Bénin, du Togo, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, le forum a affirmé une conviction partagée : la consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest exige une coordination régionale renforcée et la pleine participation des femmes à tous les niveaux.
Cette dynamique s’inscrit dans la stratégie du PNUD en Afrique de l’Ouest, basée sur trois piliers : paix durable, commerce pour la paix et gouvernance de la sécurité transfrontalière. Le forum bénéficiera également du Fonds régional de prévention des conflits, qui cible les causes profondes de l’instabilité : inégalités, marginalisation, rareté des ressources, exclusion des femmes.
En clôture, les organisateurs ont annoncé leur volonté d’institutionnaliser ce forum comme un rendez-vous annuel de dialogue, de solidarité et d’action féminine pour la paix dans le Golfe de Guinée.
« Le monde change, les menaces évoluent, mais une chose demeure : la capacité des femmes à transformer la douleur en espoir, l’exclusion en solidarité, et le conflit en paix », a conclu Madame Nassénéba Touré.
Un rendez-vous d’espoir, de stratégie et de mobilisation. Dans une région confrontée à de multiples défis, les femmes du Golfe de Guinée viennent d’envoyer un message fort : la paix se construit avec elles — pour durer.
Wassimagnon
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