L'infortuné (Ph Koaci)

Ce qui devait être une simple relation de camaraderie s’est mué en cauchemar pour une jeune élève ivoirienne. C.F.M., encore adolescente, croyait pouvoir compter sur la loyauté de son camarade de classe. Mais derrière ce lien d’amitié se cachait une manipulation qui allait bouleverser sa tranquillité.

Un jour, tout bascule lorsqu’elle reçoit sur son téléphone une vidéo intime d’elle, accompagnée d’un message glaçant : verser 300 000 F CFA sous peine de voir les images diffusées. Paniquée, la victime tente de négocier et propose une somme dérisoire de 30 000 F CFA. Mais son bourreau reste inflexible. L’angoisse laisse alors place à une décision courageuse : saisir les autorités compétentes.

La Plateforme de Lutte contre la Cybercriminalité (PLCC), bras technique de l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI), prend le dossier en main. Très vite, les enquêteurs remontent la piste numérique et découvrent que l’auteur n’est autre que B.E., ce même camarade de classe auquel la victime faisait confiance. L’élève avait en réalité subtilisé la vidéo directement à partir du téléphone de C.F.M., exploitant cette trahison pour tenter de la soumettre à son chantage.

Confondu par les preuves, B.E. reconnaît les faits et présente des excuses. Mais la justice, elle, ne se contente pas de regrets. Le mis en cause a été déféré devant le parquet pour chantage en ligne, une infraction sévèrement réprimée par l’article 66 de la loi n°2013-451, modifiée par la loi n°2023-593. Il encourt une peine allant de cinq à dix ans de prison ainsi qu’une amende pouvant atteindre 20 millions de francs CFA.

Ce drame rappelle avec force que l’espace numérique, souvent perçu comme un lieu de liberté et d’échanges, peut se transformer en piège redoutable lorsque la confiance est trahie. Derrière les écrans, des vies peuvent être brisées en un simple clic.

Jean Chresus, Abidjan