Côte d'Ivoire : Assainissement du secteur sanitaire privé, l'opération « Zéro clinique illégale » atteint ses objectifs, cap sur la qualité et le suivi
Lancée en octobre 2022 par le Ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle (MSHPCMU), l’opération « Zéro clinique illégale d’ici 2025 » affiche aujourd’hui des résultats jugés historiques. À l’occasion d’une conférence de presse organisée par la Direction des Établissements Privés et des Professions Sanitaires (DEPPS) au Novotel, les autorités sanitaires ont présenté le bilan, les défis rencontrés et les perspectives de cette vaste réforme visant à assainir le secteur privé de la santé en Côte d’Ivoire.
Un secteur privé en pleine mutation
Essentiellement concentré dans les grandes agglomérations et les pôles économiques, le secteur sanitaire privé ivoirien a connu un essor rapide ces dernières années. Cependant, selon une étude de l’Inspection générale de la Santé (IGS) réalisée en 2018, près de 80 % des établissements sanitaires privés (ESPr) exerçaient dans l’irrégularité administrative ou la clandestinité, exposant les populations à des risques sanitaires majeurs.
Face à cette situation, le Gouvernement ivoirien a fait de la régulation du secteur une priorité, dans le cadre du Programme social du Gouvernement, avec l’appui des partenaires techniques et financiers.
Des résultats concrets et mesurables
Intervenant au nom de la DEPPS, Dr Marie-Josèphe Bitty, Directrice des Établissements Privés et des Professions Sanitaires, a salué l’engagement constant du ministre de la Santé, M. Pierre Dimba, qui a permis la mise en œuvre effective de cette opération d’envergure.
« Le simple lancement de l’opération et les contrôles sur le terrain ont suffi à convaincre de nombreux promoteurs que l’État était désormais déterminé à mettre fin à l’illégalité », a-t-elle déclaré.
Depuis octobre 2022, 1 547 autorisations d’ouverture ont été délivrées, contre seulement six structures autorisées avant le démarrage de l’opération. Sur la base de la cartographie réalisée en 2022, qui recensait 3 217 établissements, les actions combinées d’identification, de fermeture et de régularisation ont permis d’atteindre l’objectif de zéro clinique illégale sur le territoire national.
Les structures illégales ont été identifiées aussi bien à Abidjan (Cocody, Yopougon, Abobo) qu’à l’intérieur du pays, notamment en milieu rural. Près de 40 à 50 % d’entre elles correspondaient à des « piqûreries » et autres établissements informels de soins.
Une réforme en profondeur du système d’autorisation.
L’un des changements majeurs introduits concerne le mode de délivrance des autorisations. Désormais, l’agrément est accordé à l’établissement lui-même, et non plus à une personne physique, afin de limiter les abus et le trafic d’autorisations. Chaque structure doit désigner un responsable médical qualifié et régulièrement inscrit à son ordre professionnel.
La procédure inclut une demande officielle, un accord de principe, puis une visite de conformité portant sur l’hygiène, les équipements et les ressources humaines, avant la signature de l’arrêté ministériel.
Sensibilisation et rôle clé de la population
La prolifération des structures illégales s’expliquait notamment par une période de faible contrôle, l’absence de délivrance d’autorisations et une confiance excessive de la population envers des personnes non qualifiées. Les campagnes de sensibilisation menées par la DEPPS ont contribué à un changement progressif des comportements.
Pour renforcer la vigilance, des enseignes et immatriculations officielles seront mises en place afin de permettre aux citoyens d’identifier facilement les établissements légaux. Un numéro vert et des plateformes d’alerte citoyenne viendront compléter ce dispositif.
Vigilance sur les pratiques à risque
Lors des échanges avec la presse, Dr Bitty a également alerté sur les dérives observées dans certaines salles de massage et d’esthétique, classées comme établissements sanitaires privés. Certaines pratiquent illégalement des blanchiments dentaires, des injections ou des actes esthétiques invasifs, réservés aux professionnels de santé qualifiés, avec des conséquences parfois graves pour les patients.
Ces pratiques feront l’objet de contrôles renforcés et de fermetures systématiques en cas de non-conformité.
Perspectives : vers une labellisation qualité
Si l’objectif « Zéro clinique illégale » est atteint, les autorités insistent sur la nécessité du suivi, afin d’éviter les récidives et l’ouverture de nouvelles structures clandestines. L’opération se poursuivra jusqu’en 2030, avec la création de démembrements régionaux de l’ADEPS pour des contrôles de proximité.
Par ailleurs, un système de labellisation qualité sera prochainement mis en place. Les établissements sanitaires privés, cliniques, polycliniques, cabinets dentaires, centres de médecine alternative ou traditionnelle, seront évalués et classés chaque année par niveau d’intervention et de performance. Ce classement, rendu public, permettra à la population de faire des choix éclairés et encouragera une amélioration continue de la qualité des soins.
Wassimagnon
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